Le Père, le Fils, et le
Saint-Esprit
« Or, la vie
éternelle,
c’est qu’ils te connaissent, toi, le
seul vrai Dieu,
et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ
»
Table des matières
Un peu d’histoire
Dieu le Père
Le Saint-Esprit
Jésus-Christ, Fils de Dieu
Examen de passages divers
La « descente du ciel »
L’idée de la préexistence de Jésus
Le Père, le Fils, et le
Saint-Esprit
Il n’est pas besoin de souligner l’importance capitale de ce sujet pour tous
ceux qui désirent être des chrétiens authentiques:
« Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai
Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ » (Jean 17: 3).
Voilà une connaissance vraiment indispensable! Refuser ou négliger de «
connaître Dieu», c’est risquer le jugement:
« lorsque le Seigneur Jésus apparaîtra du ciel avec
les anges de sa puissance, au milieu d’une flamme de feu, pour punir ceux qui
ne connaissent pas Dieu et ceux qui n’obéissent pas à l’Evangile de notre
Seigneur Jésus » (2 Thessaloniciens 1: 7, 8).
Pourtant, la plupart de nos contemporains, même de ceux qui se disent
chrétiens, affichent une indifférence extraordinaire pour ce sujet
indispensable. Ils croient assez vaguement au dogme de la « trinité », selon
lequel Dieu est trois personnes — Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le
Saint-Esprit — et en même temps une seule. Ce dogme veut que le Fils ait
préexisté au ciel avant sa naissance de la vierge Marie, qu’il y ait même une
identité absolue d’espèce et de durée entre Dieu le Père et Christ le Fils;
qu’il y ait non seulement égalité de durée mais aussi de puissance entre ces
trois personnes.
Mais la Bible garde un silence absolu sur ce dogme compliqué. Le mot « trinité
» ne s’y rencontre point, ni les principes du dogme non plus. Il faut dire même
que l’enseignement de la Bible à propos de Dieu, de Jésus-Christ et du
Saint-Esprit paraît être tout à fait contraire aux idées « trinitaires ». Si
les principes de ce dogme sont vrais, et indispensables même pour le salut,
comme l’affirment la plupart des églises orthodoxes, n’est-il pas incroyable
que la Bible non seulement les laisse douteux, sans les préciser en aucune
façon, mais qu’elle enseigne même des principes contraires?
Un peu
d’histoire
Quelle conclusion devons-nous tirer du fait que les « pères de l’église» des
trois premiers siècles après Christ semblent ignorer tout à fait ce dogme? Il
n’y a aucune divinité (dans le sens trinitaire) attribuée à Jésus avant Justin
le Martyr (deuxième siècle), qui était le premier à enseigner que Jésus avait
préexisté avant sa naissance. Tous les pères de l’église sont d’accord que
Jésus n’a pas toujours existé mais seulement à partir d’un moment donné et par
un acte de volonté du Père. La plupart des doctes chrétiens pendant les trois
cents ans après la résurrection affirmaient l’infériorité du Fils au Père.
Irénée (deuxième siècle) écrivit comme voici: « Le Père est avant tout, et est
Lui-même le chef de Christ ». Tertullien (troisième siècle) niait l’éternité du
Fils: « Il fut un temps où le Fils n’existait point. Le Père est plus ancien,
plus noble et plus puissant que le Fils ». Origen (même époque) affirmait la
même chose. Eusèbe (quatrième siècle), qui croyait posséder la foi ancienne des
apôtres, dit: « Le Père donne... le Fils reçoit... le Fils n’est pas le Père,
mais Son Fils unique; pas l’égal de son Père... le Père existait avant la
génération du Fils ». Aucun de ces écrivains ne semblait croire que le
Saint-Esprit soit une personne.
Comment donc expliquer l’avènement de ce dogme dans la doctrine de l’église
quatre ou cinq siècles après le temps des apôtres? Un examen des idées
religieuses de l’antiquité révèle assez clairement la réponse: c’est que ce
dogme de la trinité avait trouvé son origine dans les idées païennes
contemporaines, et surtout dans les systèmes hérites du philosophe grec Platon
et de Philon, Juif d’Alexandrie en Égypte. Les religions de Babylone, d’Assyrie
et d’Égypte avaient toutes leurs trinités — par exemple, celle d’Égypte: Isis,
Osiris et Horus. Platon enseignait qu’il y avait des émanations de l’esprit
divin, dont la plus importante s’appelait le Logos (mot grec qui signifie « parole ») d’où
venait toute la création visible. Platon, semble-t-il, donna même à cette
émanation le nom d’un second Dieu. Le Logos, qui
n’était que pour commencer une qualité de l’esprit divin, fut à la longue
représenté comme une personne. Les chrétiens, dans les années après les
apôtres, avaient du mal à accepter l’idée d’un Sauveur crucifié, « scandale pour les Juifs et folie pour les païens
» (1 Corinthiens 1: 23), et voulant donc élever le rang de
Jésus ils l’identifièrent finalement avec ce Logos, d’ou ils pouvaient croire que Jésus existait
avec Dieu dès le commencement.
L’histoire de ce dogme révèle clairement son développement progressif dans les
actes des Conciles Œcuméniques de l’église pendant les cinq premiers siècles de
l’ère chrétienne. Le premier Concile, celui de Nicée en l’an 325, affirma que
le Fils avait la même nature que le Père; le deuxième (Constantinople, 381),
ajouta le Saint-Esprit pour faire une trinité; le troisième (Éphèse, 431)
attribua à Christ une âme humaine; le quatrième (Chalcédoine, 541) affirma
l’union substantielle des deux natures en Jésus-Christ; et le cinquième
(Constantinople, 553) que cette union ne constituait qu’une seule personne.
Ainsi fut bâti, pas à pas, un dogme qui est depuis quatorze siècles reçu
presque universellement dans l’église orthodoxe.
Mais pouvons-nous recevoir, sans examen, un dogme qui a mis cinq siècles à se
développer, cinq siècles après celui où Jésus a annoncé une fois pour toutes
l’évangile, et ses apôtres après lui. De quelle façon les promulgations de ces
Conciles Œcuméniques peuvent-elles réclamer une autorité supérieure à celle de
la Bible, la seule Parole de Dieu? « Celle-là est la foi authentique qui est la
plus ancienne, et celle-ci une corruption qui est plus moderne », écrivit
Tertullien. Or, il est indéniable que les apôtres ont essayé de mettre en garde
les fidèles contre une apostasie qui s’élèverait dans l’église chrétienne:
« Car il viendra un temps où les hommes ne
supporteront pas la saine doctrine; mais [...] ils se donneront une foule de
docteurs selon leurs propres désirs, détourneront l’oreille de la vérité, et se
tourneront vers les fables ». (2 Timothée 4: 3, 4).
Puisque c’est seulement dans la Bible que nous pouvons trouver l’enseignement
authentique du Fils de Dieu et de ses apôtres, revenons-y sans réserve dans la
recherche de la lumière divine sur ce sujet tellement importante.
Dieu
le Père
L’unité absolue de Dieu, autant que Sa suprématie, est un principe fondamental
de la révélation biblique. Les versets suivants, tirés de l’Ancien Testament,
en sont un témoignage:
« Écoute, Israël! L’Éternel, notre Dieu, est le
seul Eternel! » (Deutéronome 6: 4);
« Ainsi parle l’Éternel, roi d’Israël et son
rédempteur, L’ETERNEL des armées:
Je suis le
premier et je suis le dernier,
Et hors moi il
n’y a point de Dieu » (Ésaïe 44: 6);
« Car ainsi parle l’Eternel, Le créateur des deux,
le seul Dieu » (Ésaïe 45: 18);
« Souvenez-vous
de ce qui s’est passé dès les temps anciens; Car je suis
Dieu, et il n’y en a point d’autre, Je suis Dieu, et nul n’est semblable à moi
» (Ésaïe 46: 9).
C’est l’affirmation du monothéisme le plus définitif. Au milieu d’un monde
païen où dieux et déesses foisonnaient, les Israélites étaient instruits par
leurs saintes écritures à adorer un seul Dieu. Dispersés parmi toutes les
nations du monde, ils ont conservé cet attachement au monothéisme le plus
rigide, de sorte qu’ils ont eu toujours en aversion le dogme de la trinité.
Voilà un témoignage important à l’enseignement de l’Ancien Testament.
Au Nouveau
Testament se trouve le même enseignement:
« Car, s’il est des êtres qui sont appelés dieux (c’est-à-dire,
par les païens) [...] néanmoins
pour nous il n’y a qu’un seul Dieu, le Père. de qui viennent toutes choses et
pour qui nous sommes» (1 Cor. 8: 5, 6);
« Il y a un seul
Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, qui est
au-dessus de tous, et parmi tous, et en tous» (Éphésiens 4: 5,
6).
La suprématie
de Dieu le Père est incontestable:
« Il fait des
vents ses messagers, Des flammes de feu ses serviteurs » (Psaume
104: 4);
« Il ne se fatigue point, il ne se lasse point; On
ne peut sonder son intelligence » (Ésaïe 40: 28)
« Ses yeux sont
trop purs pour voir le mal » (Habakuk 1: 13);
« Notre Dieu est
aussi un feu dévorant »(Hébreux 12: 29);
« Dieu est
lumière [...] il n’est point en lui de ténèbres » (1 Jean 1:
5);
c’est « le Roi
des rois, le Seigneur des seigneurs, qui seul possède l’immortalité, qui habite
une lumière inaccessible, que nul homme n’a vu ni ne peut voir, à qui
appartiennent l’honneur et la puissance éternelle » (1
Timothée 6: 15, 16);
« C’est de lui, par lui et pour lui que sont toutes choses » (Romains
11: 36).
Tel est l’unique Dieu de la Bible.
Les Écritures mettent toujours une distinction entre Dieu le Père et
Jésus-Christ Son Fils. Voici ce qu’en dit l’apôtre Paul:
« Il n’y a qu’un
seul Dieu, le Père, de qui viennent toutes choses et pour qui nous sommes, et
un seul Seigneur, Jésus-Christ, par qui viennent toutes choses et par qui nous
sommes » (1 Corinthiens 8: 6);
« Car il y a un
seul Dieu, et aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ
homme » (1 Timothée 2: 5).
C’est le langage presque invariable de tout le Nouveau Testament où se trouvent
des passages trop nombreux à citer, dont plusieurs d’ordre indirect, comme dans
l’exemple suivant:
« Je fléchis les
genoux devant le Père [...] afin qu’il vous donne, selon la richesse de sa
gloire, d’être puissamment fortifiés par son Esprit dans l’homme intérieur, en
sorte que Christ habite dans vos cœurs par la foi » (Ephésiens
3: 14-17).
Donc c’est toujours, sans exception, le Père qui a le premier rang; Il agit par
Son Esprit, et le caractère du Christ est formé dans les fidèles.
Le
Saint-Esprit
Notre race déchue avait, dès ses débuts, un besoin absolu d’une rédemption
qu’elle ne pouvait atteindre qu’avec l’aide de Dieu Lui-même. Dans ce but Dieu
se manifestait aux hommes pour les instruire et les guider dans Sa voie. Se
manifester ouvertement aux pécheurs était impossible; il s’est donc servi
fréquemment de Ses anges pour traiter avec les hommes, et s’est manifesté
finalement dans la personne de Son Fils, qui a révélé la gloire du Père dans
son caractère et dans ses paroles. Mais Dieu s’est manifesté aussi dans tous
les âges autrement que par des personnes, et voilà donc l’activité du
Saint-Esprit. Prophètes, apôtres et Jésus lui-même, doués de cet Esprit de
Dieu, ont pu faire des miracles et parler des vérités divines.
C’est par Son Esprit que Dieu créa le monde et le soutient actuellement.
« L’esprit de Dieu se mouvait au-dessus
des eaux »,
dit le premier chapitre de la Genèse, dans son récit de la création.
« Tu envoies ton Esprit: [les animaux] sont créés,
Et tu renouvelles la face de la terre » (Ps. 104: 30),
c’est-à-dire, en faisant propager les espèces, ce qui est évidemment l’œuvre de
l’Esprit de Dieu.
C’est par Son Esprit que Dieu voit et connaît tout, même les choses les plus
cachées, comme témoigne le psalmiste:
« Éternel! tu me sondes et tu me connais, [...]
Tu pénètres de
loin ma pensée;
[...] et
toutes mes voies.
Car la parole
n’est pas sur ma langue,
Que déjà, ô
Éternel! tu la connais entièrement. [...]
Où irais-je
loin de ton Esprit,
Et où
fuirais-je loin de ta face?
Si je monte
aux deux, tu es là;
Si je me
couche au séjour des morts, te voilà.
Si je prends
les ailes de l’aurore,
Et que j’aille
habiter à l’extrémité de la mer,
Là aussi ta
main me conduira,
Et ta droite
me saisira. »
Tout ce passage, Psaume 139: 1-10, est à lire; on ne saurait mieux exprimer
l’omniprésence et l’omniscience de l’Éternel, par l’intermédiaire de Son
Esprit.
Les prophètes,
ces hommes choisis exprès par Dieu et doués de puissance miraculeuse, étaient
Ses intermédiaires par moyen de Son Esprit.
« Tu donnas [à Israël] des avertissements par ton
Esprit, par tes prophètes » (Néhémie 9: 30).
Ces prophètes, comme Michée, se sentaient remplis « de force, de l’esprit de l’Éternel » (3:
8), car
« c’est poussés par le Saint-Esprit que des hommes
ont parlé de la part de Dieu » (2 Pierre 1: 21).
L’activité de l’Esprit de Dieu ne se borne pas à assurer l’inspiration des
prophètes; certains individus reçurent des dons particuliers:
« L’Éternel
descendit dans la nuée, et parla à Moïse;
il prit de
l’Esprit qui était sur lui, et le mit sur les
soixante-dix
anciens. Et dès que l’Esprit reposa sur
eux, ils
prophétisèrent » (Nombres 11: 25).
Voilà un signe manifeste pour tout le peuple d’Israël.
A propos de Jésus, nous lisons que « Dieu ne lui donne pas l’esprit avec mesure » (Jean
3: 34); alors le Fils de Dieu a non seulement parlé infailliblement les paroles
de Son Père mais aussi il a pu faire des miracles inégalés. Les morts
ressuscitèrent, les malades furent guéris, les boiteux coururent, et une femme
atteinte d’une perte de sang depuis douze ans n’eut qu’à toucher le bord de son
vêtement pour recevoir une guéri son immédiate et totale (Matthieu 9: 20-22). Bon
nombre de passages soulignent que l’Esprit de Dieu est Sa puissance: par
exemple, l’annonce faite à Marie:
« Le Saint-Esprit viendra sur toi, et la puissance
du Très-Haut te couvrira de son ombre » (Luc 1: 35);
Jésus aux apôtres au moment même de son ascension:
« Mais vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit
survenant sur vous » (Actes 1: 8);
Etienne « plein de foi et
d’Esprit-Saint» était en même temps « plein de grâce et de puissance » (Actes
6: 5, 8);
« Dieu a oint du Saint-Esprit et
de force Jésus de Nazareth » (Actes 10: 38);
« Et ma parole et ma prédication ne reposaient pas
sur les discours persuasifs de la sagesse, mais sur une démonstration d’Esprit
et de puissance »
écrivit Paul aux Corinthiens (1 Corinthiens 2: 4).
Les dons du
Saint-Esprit furent accordés aux apôtres pour leur permettre de témoigner avec
puissance et autorité de la véracité de l’Évangile. Ces hommes, dépourvus enfin
du soutien visible de leur Maître, comment auraient-ils pu seuls énoncer sans
erreurs les principes du salut et en même temps attirer l’attention des hommes?
« Mais le consolateur, l’Esprit-Saint, que le Père
enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses, et vous rappellera tout ce
que je vous ai dit » (Jean 14: 26);
et « Quand le consolateur sera venu, l’Esprit de
vérité, il vous conduira dans toute la vérité [...] et il vous annoncera les
choses à venir » (Jean 16: 13).
Plus tard, sur le Mont des Oliviers, Jésus leur promit que des miracles
accompagneraient leurs paroles:
« Le Seigneur
travaillait avec eux, et confirmait la parole par les miracles qui
l’accompagnaient » (Marc 16: 20);
« Dieu
appuyant leur témoignage par des signes, des prodiges, et divers miracles, et
par les dons du Saint-Esprit distribués selon sa volonté » (Hébreux
2: 4).
Il ne paraît pas que ces dons surnaturels aient persisté après la mort des
apôtres. Le moyen de les transmettre était presque toujours par l’imposition
des mains des apôtres. Philippe était un des sept diacres sur lesquels les
apôtres imposèrent les mains à Jérusalem (Actes 6: 3-6); il prêcha plus tard au
peuple de la Samarie, dont quelques-uns crurent et se firent baptiser, mais ces
nouveaux croyants attendirent l’arrivée des apôtres pour recevoir le
Saint-Esprit. Il semble donc probable que Philippe ne pouvait pas le
transmettre lui-même (Actes 8: 12, 14-17). Simon, voyant que le Saint-Esprit se
faisait transmettre par l’imposition des mains des apôtres
« leur offrit de l’argent en disant: Accordez-moi
aussi ce pouvoir, afin que celui à qui j’imposerai les mains reçoive le
Saint-Esprit » (Actes 8: 19),
passage qui semble prouver que le droit et la capacité de transmettre le dons
du Saint-Esprit ne se trouvaient que chez les apôtres. Il s’ensuivrait alors
qu’après leur mort ces dons s’éteindraient.
De toute façon
les historiens ecclésiastiques s’unissent pour affirmer une forte décroissance
des signes miraculeux dès la fin du premier siècle de notre ère. A ce moment-là
la Parole Écrite fut achevée, tout homme pouvait lire ou entendre la révélation
complète de l’Évangile du salut, les paroles mêmes de Dieu et de Jésus. A quoi
bon prolonger des dons qui n’avaient de toute évidence qu’une valeur
temporaire, et cela pour des apôtres à qui la parole écrite manquait. Pour se
convaincre que les dons miraculeux furent véritablement retirés dès la fin du
premier siècle, il suffit de lire les écrits des dignitaires de l’église du
siècle suivant — de Clément, d’Ignace et de Polycarpe, pour n’en citer que les
premiers en date. On remarque tout de suite une différence frappante — ces
hommes ne font que répéter, d’une façon incolore, ce que les apôtres avaient
bien mieux écrit avant eux. Et plus on s’éloigne de l’âge des apôtres, plus la
différence frappe, plus les écrits deviennent fantaisistes ou superficiels. Il
serait impossible d’avoir meilleure preuve de la valeur indispensable du
Saint-Esprit aux apôtres, cet esprit de vérité, sans lequel ils n’auraient pas
été conduits dans toute la vérité, n’auraient pas rappelé tout ce que Jésus
leur avait dit, et n’auraient pu annoncer les choses à venir.
L’apôtre Paul lui-même s’attendait, semble-t-il, à la fin de ces dons
miraculeux. Aux Éphésiens il écrivit que Dieu avait établi certains dans
l’église comme évangélistes, pasteurs, docteurs
« pour le
perfectionnement des saints en vue de l’œuvre du ministère et de l’édification
du corps de Christ, jusqu’à ce que nous soyons tous parvenus à l’unité de la
foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure
de la stature parfaite de Christ » (Éphésiens 4: 12, 13),
c’est-à-dire, peut-être, jusqu’à ce que la communauté chrétienne ait atteint
une compréhension profonde des principes de Évangile et de la vie en Christ.
Les croyants ne seraient alors plus
« des enfants,
flottants et emportés à tout vent de doctrine», mais
pourraient croître « à tous égards
en celui qui est le chef, Christ» (versets 14-15).
Ayant traité au chapitre 12 de la première épître aux Corinthiens de l’usage
légitime et de l’abus des dons de l’Esprit, Paul termine son discours comme
voici:
« Aspirez aux dons les meilleurs. Et je vais encore
vous montrer une voie par excellence » (1 Corinthiens 12: 31).
Suit son
célèbre passage dans le treizième chapitre sur « l’amour chrétien », couronne
de la vie chrétienne, infiniment supérieur aux dons même les plus éclatants.
Jusqu’ici nous pouvons dire avec raison que la Bible nous présente le
Saint-Esprit comme la puissance de Dieu. Mais on pourrait objecter qu’il existe
des passages où le Saint-Esprit apparaît comme une personne; par exemple:
« Quand le consolateur
sera venu, l’Esprit de vérité, [...] il ne parlera pas de lui-même, mais il
dira tout ce qu’il aura entendu » (Jean 16: 13);
« Le Saint-Esprit dit: Mettez-moi à part Barnabas
et Saul pour l’œuvre à laquelle je les ai appelés » (Actes 13:
2);
« N’attristez pas le Saint-Esprit de Dieu » (Éphésiens
4: 30);
« L’Esprit dit expressément » (2
Timothée 4: 1);
« L’Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit
» (Romains 8: 16).
Cependant on n’a qu’à lire le contexte de tels passages et à se poser ensuite
cette question: « Est-il vraiment possible de distinguer clairement ici entre
le Saint-Esprit et Dieu? », pour s’apercevoir qu’une telle distinction est
inconcevable. Il est impossible d’envisager l’existence de l’un sans l’autre,
puisque c’est toujours Dieu qui travaille par moyen de Son Esprit. Quand
l’Esprit poussait les prophètes à écrire, donnait des ordres aux apôtres,
énonçait un principe, c’était toujours et invariablement Dieu Lui-même qui
agissait. Le blasphème contre le Saint-Esprit, refus de reconnaître que les
signes miraculeux de Jésus provenaient de Dieu, c’était le blasphème contre la
puissance de Dieu, autrement dit contre Dieu Lui-même. (Matthieu 12: 31, 32).
Enfin, et d’une façon qui concorde tout à fait avec le témoignage déjà examiné,
la Bible nous présente toujours le Saint-Esprit comme soumis au Père et au
Fils.
« Le Père [...] vous donnera un autre consolateur
» (Jean 14: 16);
«
L’Esprit-Saint que le Père enverra en mon nom » (verset 26);
« Le
consolateur, que je vous enverrai » (c’est Jésus qui
parle) « de la part du Père
» (Jean 15: 26).
La Bible ne nous présente donc nulle part le Saint-Esprit comme une personne,
encore moins comme une personne coexistant avec le Père et égale en autorité.
Elle nous le présente comme la puissance de Dieu le Père, par laquelle il créa
le monde, et le soutient depuis, par laquelle Il inspira Ses prophètes;
puissance qu’Il a versée sur Son Fils en abondance et dont Il a doué les
apôtres pour assurer l’efficacité de leur prédication; puissance qui est
toujours active en silence, pour attirer les hommes prêts à l’écouter.
Jésus-Christ,
Fils de Dieu
Nous abordons maintenant un sujet des plus difficiles, entouré de spéculations
philosophiques et d’idées fausses. On n’oserait pourtant surestimer son
importance, car la manifestation du Père en la personne de Son Fils est la plus
complète qu’Il ait jamais accordée aux hommes. Connaître le Fils, c’est
comprendre la signification de Son œuvre de rédemption, l’Évangile du salut
même, et sans cette compréhension-là nous périrons éternellement.
Une observation tout d’abord: l’expression « Dieu le Fils » ne se rencontre
jamais dans la Bible, ce qui est vraiment extraordinaire si le dogme de la
trinité est juste. En revanche, l’expression « Fils de Dieu» se trouve un peu partout dans le
Nouveau Testament.
Voici une certitude: le Fils n’existait qu’à partir d’un moment donné.
C’est-à-dire, il y eut un temps où le Fils n’existait pas:
« L’Éternel
m’a dit; Tu es mon fils! Je t’ai engendré aujourd’hui » (Psaume
2: 7).
Les versets qui suivent cette citation nous révèlent comment ce « fils » de l’Éternel aura pour
héritage les nations du monde, possédera les extrémités de la terre, de sorte
qu’il est tout à fait évident que c’est de Jésus-Christ qu’il s’agit. On
prétend d’habitude que ce passage traite de la naissance de Jésus-Christ homme,
sans faire allusion au « Fils éternel» qui existait depuis toujours au ciel (ce
qui serait à prouver). Paul cite ce passage, mais dans le contexte de la
résurrection de Jésus et de son investissement d’immortalité:
« Cette bonne nouvelle [...] Dieu l’a accomplie
[...] en ressuscitant Jésus selon ce qui est écrit dans le Psaume deuxième: Tu
es mon fils, Je t’ai engendré aujourd’hui » (Actes 13: 33).
Certes, Jésus était le Fils de Dieu dès le moment de sa naissance; combien plus
dès le moment où il a revêtu l’immortalité pour partager la même nature que son
Père! Paul dit que Jésus a été vraiment engendré dès ce moment-là; comment donc
le Fils aurait-il pu exister antérieurement au ciel, jouissant déjà de
l’immortalité? Ce passage semble donc prouver que Jésus a été engendré à un
moment donné, dans un premier sens dès sa naissance, et dans un deuxième sens
quand son corps mortel a revêtu l’immortalité.
En fait les auteurs bibliques nous présentent le Fils comme jouissant d’une
existence tirée de son Père. L’ange dit à Marie:
« Le
Saint-Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son
ombre. C’est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu
» (Luc 1: 35).
Quand ils
parlent de Jésus, il n’est jamais question de sa co-existence ni de son égalité
avec le Père. Jésus reconnaissait toujours sa dépendance vis-à-vis de son
Père, et se soumettait à Lui en toutes choses:
« Comme le Père a la vie en lui-même, ainsi il a
donné au Fils d’avoir la vie en lui-même » (Jean 5: 26);
« Je donne ma
vie [...] j’ai le pouvoir de la donner, et j’ai le pouvoir de la reprendre: tel
est l’ordre que j’ai reçu de mon Père » (Jean 10: 18);
« Je ne puis
rien faire de moi-même » (Jean 5: 30);
« Ma doctrine
n’est pas de moi, mais de celui qui m’a envoyé » (Jean 7:
16);
« Je rends témoignage de moi-même, et le Père qui
m’a envoyé rend témoignage de moi » (Jean 8: 18);
« Pour ce qui
est du jour ou de l’heure [de son avènement], personne ne le sait, ni les anges
dans le ciel, ni le Fils, mais le Père seul » (Marc
13: 32).
Donc, le Fils lui-même croyait avoir reçu ordres, paroles, doctrines, vie même,
de son Père. Il attribuait au Père seul la connaissance de l’avenir; même après
sa résurrection il gardait les mêmes façons de parler:
« Va trouver
mes frères, et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu
et votre Dieu » (Jean 20: 17).
Même ressuscité c’est toujours le Fils soumis.
La Bible nous enseigne que Jésus était un homme, participant à la même chair et
à la même nature que les autres hommes. Né d’une femme (Galates 4: 4), fils de
David et fils d’Abraham,
« cet homme à
qui Dieu a rendu témoignage devant vous [...] cet homme [...] vous l’avez
crucifié, vous l’avez fait mourir par la main des impies » (Actes
2: 22, 23),
dit l’apôtre Pierre en parlant aux Juifs;
« Puisque les
enfants participent au sang et à la chair, il y a également participé lui-même
[...], il a dû être rendu semblable en toutes choses à ses frères » (Hébreux
2: 14, 17).
Et dans le passage suivant, tiré toujours de cette même épître aux Hébreux,
l’écrivain nous fait apprendre que Jésus
« dans les
jours de sa chair, a présenté avec de grands cris et avec larmes des prières et
des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort, et il a été exaucé
à cause de sa piété. Il a appris, bien qu’il soit Fils, l’obéissance par les
choses qu’il a souffertes; après avoir été élevé à la perfection, il est devenu
pour tous ceux qui lui obéissent l’auteur d’un salut éternel » (Hébreux
5: 7-9).
On n’a qu’à
lire avec soin ce passage pour tirer la conclusion que son enseignement
contredit totalement le dogme de la trinité. Ces cris, ces larmes, ces prières
et ces supplications étaient les expressions angoissées d’une véritable
souffrance. Comment « Dieu le Fils », descendu du ciel pour s’incarner dans la
nature humaine aurait-il pu vraiment sentir une telle angoisse? N’aurait-il pas
su infailliblement qu’il ne jouait qu’un rôle temporaire, qu’il venait de
descendre du ciel et qu’il y remonterait sous peu? Quel besoin de prier
ardemment le Père de le « sauver
de la mort », ou « d’apprendre
l’obéissance », ou d’être « élevé à la perfection »? L’enseignement de la Bible
n’entraîne nullement de telles difficultés. Jésus, Fils de Dieu par le
Saint-Esprit, né d’une femme, était un homme, semblable en toutes choses à ses
frères. Nous pouvons apprécier le caractère littéral et radical de son humanité
en nous rappelant son cri d’angoisse au moment de sa mort:
« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as tu abandonné? » (Marc
15: 34).
Conformément à ce qui précède, la Bible nous enseigne que la résurrection de
Jésus a été l’œuvre du Père tout seul, le Fils n’y pouvant rien:
« Jésus de
Nazareth [...] vous l’avez fait mourir par la main des impies. Dieu l’a
ressuscité, en le délivrant des liens de la mort » (Actes
2: 22-24).
Aucun besoin d’ajouter à ce témoignage, mais les versets qui l’affirment sont
nombreux. Ce qui est d’une importance capitale, cependant, c’est de se rendre
compte de la relation subsistant entre le Père et le Fils après la résurrection
de celui-ci, c’est-à-dire quand Jésus avait revêtu l’immortalité et qu’il était
monté aux cieux. Selon le dogme de la trinité n’aurait-il pas repris alors son
ancienne position comme élément inséparable de la Déité, jouissant de l’égalité
avec le Père? Le tableau que nous brossent les apôtres est tout autre. Dabord:
« Élevé par la droite de Dieu, il a reçu du Père le
Saint-Esprit qui avait été promis, et il l’a répandu [...] Que toute la maison
d’Israël sache donc avec certitude que Dieu a fait Seigneur et Christ ce Jésus
que vous avez crucifié » (Actes 2: 33, 36).
Jésus, ressuscité, immortel, élevé au plus haut rang, est toujours soumis au
Père, de qui il reçoit les honneurs et les dons à accorder à ses disciples.
Cette idée de l’infériorité continuelle de Jésus au Père se rencontre partout
dans le Nouveau Testament:
« Vous êtes à Christ, et Christ est à Dieu » (1
Corinthiens 3: 23);
« Je veux
cependant que vous sachiez que Christ est le chef de tout homme, que l’homme
est le chef de la femme, et que Dieu est le chef de Christ »(1
Corinthiens 11: 3);
« [Jésus] a
été crucifié à cause de sa faiblesse, mais il vit par la puissance de Dieu » (2
Corinthiens 13: 4)
(ce qui veut dire qu’il ne vivait pas par sa propre puissance);
« Dieu l’a souverainement élevé, et lui a donné le
nom qui est au-dessus de tout nom, afin que [...] toute langue confesse que
Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père » (et
non pas à celle du Fils) (Philippiens 2: 9-11).
A peu près
soixante ans après sa résurrection et son ascension, Jésus a transmis aux
communautés chrétiennes de l’Asie Mineure un dernier message par
l’intermédiaire de l’apôtre Jean. C’est le livre de l’Apocalypse, « révélation de Jésus-Christ, que Dieu lui a
donnée » (Apocalypse 1: 1). Dans sa lettre à l’église de
Sardes Jésus a promis:
« Celui qui vaincra sera ainsi revêtu de vêtements
blancs [...] et je confesserai son nom devant mon Père et devant ses anges » (Apocalypse
3: 5).
Et dans celle adressée à l’église de Philadelphie:
« Celui qui vaincra, je ferai de lui une colonne
dans le temple de mon Dieu, et il n’en sortira plus; j’écrirai sur lui le nom
de mon Dieu, et le nom de la ville de mon Dieu, de la nouvelle Jérusalem qui
descend du ciel d’auprès de mon Dieu, et mon nom nouveau » (Apocalypse
3: 12).
Il faut trancher: c’est le Seigneur ressuscité, glorifié et souverainement
élevé qui parle ici, plusieurs années après son ascension pour s’asseoir à la
droite du Père. Pourrait-on mieux démontrer que cette soumission à son Père,
qui caractérisait les jours de sa chair, fait toujours partie de sa conduite
actuelle? Comment réconcilier ce langage avec la thèse trinitaire?
Mais le plus saisissant est encore à suivre. Dans le quinzième chapitre de la
première épître aux Corinthiens, l’apôtre Paul fait l’exégèse de la
résurrection des morts. Jésus est ressuscité le premier, puis ceux qui
appartiennent à Christ lors de son avènement (verset 23), c’est-à-dire de son
retour sur la terre. Ce qui suit vaut la peine d’être cité dans son
intégralité:
« Ensuite viendra la fin [du règne de Jésus sur la
terre], quand il remettra le royaume à celui qui est Dieu et Père, après avoir
réduit à l’impuissance toute domination, toute autorité et toute puissance. Car
il faut qu’il règne jusqu’à ce qu’il ait mis tous ses ennemis sous ses pieds.
Le dernier ennemi qui sera réduit à l’impuissance, c’est la mort. Dieu, en
effet, a tout mis sous ses pieds. Mais lorsqu’il dit que tout lui a été soumis,
il est évident que celui [Dieu] qui lui a soumis toutes choses est excepté. Et
lorsque toutes choses lui auront été soumises, alors le Fils lui-même sera
soumis à celui [Dieu] qui lui a soumis toutes choses, afin que Dieu soit tout en
tous » (1 Corinthiens 15: 24-28).
Passage bouleversant! Le sens est sans ambiguïté. Même plusieurs millénaires
après sa résurrection — le moment de sa glorification et de son élévation — le
Fils sera toujours soumis au Père. Saurait-on exprimer plus catégoriquement la
suprématie absolue du Père et la soumission gracieuse de Son Fils bien-aimé, et
donc mieux souligner la discordance entre l’enseignement de la Bible et les
idées trinitaires?
Examen
de passages divers
Parmi les passages cités pour soutenir la thèse de la co-existence et de la
co-égalité du Père et du Fils, voici deux qui sont souvent proposés:
1 « Moi
et le Père nous sommes un» (Jean 10: 30).
Il est remarquable que, dans toutes les controverses qui secouaient l’église
chrétienne dans l’ère suivant celle des apôtres, ce passage n’est jamais cité
pour appuyer les idées trinitaires. Tous les pères de l’église primitive y
voient une allusion à l’unité d’esprit, de caractère et de volonté qui
subsistait entre Jésus et son Père. Au chapitre 17 du même évangile se trouve
la corroboration de cette idée:
« Père saint, garde en ton nom ceux que tu m’as
donnés, afin qu’ils soient un comme nous. [...] Ce n’est pas pour eux seulement
que je prie, mais encore pour ceux qui croiront en moi par leur parole, afin
que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et comme je suis en toi,
afin qu’eux aussi soient un en nous » (Jean 17: 11 (marge), 20, 21).
C’est l’harmonie spirituelle qui doit subsister entre le Père, le Fils et ses
disciples. Il n’est guère besoin d’insister pour démontrer qu’il n’y a ici
aucun soutien trinitaire.
2 « Ayez
en vous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ; existant en forme de Dieu,
il n’a point regardé son égalité avec Dieu comme une proie à arracher, mais il
s’est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant
semblable aux hommes; et il a paru comme un vrai homme, il s’est humilié
lui-même, se rendant obéissant jusqu’à la mort. même jusqu’ à la mort de la
croix » (Philippiens 2: 5-8).
Voilà un passage qui semble, à première vue, plus proche de l’idée trinitaire;
mais notons d’abord que c’est l’humilité et la soumission de Jésus que l’apôtre
Paul voulait faire ressortir. « Ayez
en vous les sentiments de Jésus», disait-il. Il existait
« en forme de Dieu» parce
qu’il était « l’empreinte de sa
personne» (Hébreux 1: 3), la représentation en chair humaine
du Père, surtout en ce qui concernait Son caractère. « Il s’est dépouillé lui-même, en prenant une forme de
serviteur», c’est-à-dire, il s’est dépouillé de tout orgueil,
de tout rang élevé auquel il aurait pu aspirer même dans les jours de sa chair
en vertu de sa qualité de Fils de Dieu; il a pris plutôt le rôle d’un
serviteur, et s’est humilié. Devenir égal avec Dieu, c’est-à-dire atteindre la
même nature spirituelle et immortelle que Dieu, ce serait la grande récompense
de son obéissance; mais à la différence d’Adam, ce premier fils de Dieu qui
tendit la main pour arracher le fruit à l’arbre de la connaissance du bien et
du mal, Jésus « n’a point regardé
comme une proie à arracher d’être égal», avec Dieu; il s’est
soumis bien qu’il soit fils. Voilà la leçon que l’apôtre voulait enseigner dans
ce passage. Quant à être littéralement égal avec Dieu, comme nous avons déjà
constaté Jésus ne l’a jamais été et ne l’est toujours point.
La «
descente du ciel »
Il existe aussi certains passages sur lesquels s’appuient ceux qui veulent
affirmer la préexistence littérale et personnelle de Jésus au ciel avant sa
conception dans le ventre de Marie. Par exemple:
« Le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel
et qui donne la vie au monde » (Jean 6: 33);
« C’est de Dieu que je suis sorti et que je viens
[...] c’est lui qui m’a envoyé » (Jean 8: 42);
« Et maintenant toi. Père, glorifie-moi auprès de
toi-même de la gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde soit » (Jean
17: 5);
« Au
commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était
Dieu » (Jean 1: 1).
Avant de tenter une explication de ces versets, nous devons nous rappeler les
faits incontestés de la vie de Jésus: il est né par la puissance de Dieu, le
Saint-Esprit; il a crû en sagesse et en grâce devant Dieu et devant les hommes;
il s’est fait baptiser par Jean-Baptiste pour « accomplir ainsi tout ce qui est juste »; « il a été crucifié à cause de sa faiblesse», et
maintenant « il vit par la
puissance de Dieu » (2 Cor. 13: 4).
Comment réconcilier ces faits avec la proposition que Jésus est descendu
littéralement et personnellement du ciel?
Mais sommes-nous certains que cette idée de la « descente» de Jésus doit être
prise dans un sens littéral? Surtout après un examen de Jacques 3: 15-17 où il
est question d’une toute autre « descente »:
« Cette
sagesse n’est point celle qui vient d’en haut; mais elle est terrestre,
charnelle, diabolique [...] La sagesse d’en haut est premièrement pure, ensuite
pacifique, modérée, conciliante, pleine de miséricorde et de bons fruits » (Jacques
3: 15-17).
L’homme dont cette sagesse « d’en
haut» (mot grec anothen) a
influencé le coeur a été régénéré, «
non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la
parole vivante et permanente de Dieu » (1 Pierre 1: 23).
Autrement dit, il est né de Dieu. C’est comme disait Jésus en parlant à
Nicodème:
« En vérité,
en vérité, je te le dis, si un homme ne naît de nouveau (mot
grec anothen), il ne peut voir le
royaume de Dieu » (Jean 3: 3);
Et plus loin:
« Si un homme
ne naît d’eau (par le baptême) et d’Esprit (son esprit est illuminé par cette
sagesse d’en haut), il ne peut
entrer dans le royaume de Dieu » (Jean 3: 4-5).
Jésus lui-même était le meilleur exemple de cette naissance d’en haut. Mais il
n’était pas le seul homme « envoyé
de Dieu». Jean-Baptiste avait cet honneur-là aussi (voir Jean
1: 6), mais personne ne propose que Jean-Baptiste soit littéralement descendu
du ciel. Le caractère et l’esprit de Jésus avaient leur origine en Dieu, de
sorte que le Fils était la plus parfaite manifestation de l’esprit de Dieu, de
Sa vérité et de Sa miséricorde, et la plus éclatante condamnation de l’esprit
de la chair;
« Car Dieu était en Christ, réconciliant le monde
avec lui-même » (2 Corinthiens 5: 19).
C’est ce que Paul appelait « le
mystère de la piété»: « Dieu a été manifesté en chair » (1
Timothée 3: 16). Le résultat de cette manifestation unique, Jésus-Christ Fils
de Dieu, pouvait bien affirmer qu’il venait de son Père, qu’il descendait du
ciel dans un sens spirituel.
L’idée
de la préexistence de Jésus
Il faut constater qu’il y a un groupe de passages bibliques où il est question
de préexistence, mais pas de celle de Jésus. A savoir:
« Venez,, vous
qui êtes bénis de mon Père; prenez possession du royaume qui vous a été préparé
dès la fondation du monde » (Matthieu 25: 34);
« Car ceux que
[Dieu] a connus d’avance, il les a aussi prédestinés» (Romains
8: 29);
« En [Christ]
Dieu nous a élus avant la fondation du monde » (Éphésiens
1: 4);
« [Dieu] nous a sauvés [...], non à cause de nos
œuvres, mais selon son propre dessein, et selon la grâce qui nous a été donnée
en Jésus-Christ avant les temps éternels» (2 Timothée 1: 9).
Or, il est évident que prendre ces expressions au pied de la lettre est
impossible; le royaume dont jouiront les justes n’existait pas dès la fondation
du monde puisqu’il n’est pas encore établi; les justes eux-mêmes n’existaient
pas alors non plus, pour recevoir cette grâce et cette élection par lesquelles
ils seront sauvés. Deux expressions, cependant, portent une signification
particulière: Dieu a « connu
d’avance »; il a fait tout « selon son propre dessein ». Ayant une
préconnaissance parfaite de l’avenir, Dieu pouvait parler de ceux qui n’avaient
encore point d’existence comme s’ils existaient littéralement, tant Il avait la
certitude de pouvoir accomplir Son dessein. Au prophète Jérémie Dieu a pu dire:
« Avant que je
t’aie formé dans le ventre de ta mère, je te connaissais, et avant que tu sois
sorti de son sein, je t’avais consacré, je t’avais établi prophète des nations
» (Jérémie 1: 5).
Si Dieu avait cette préconnaissance exacte du caractère et du rôle d’un
prophète, combien plus de Son Fils, la manifestation de Lui-même en chair?
Ainsi Pierre déclare-t-il:
« Vous avez,
été rachetés [...] par le sang précieux de Christ, comme d’un agneau sans
défaut et sans tache, prédestiné avant la fondation du monde, et manifesté à la
fin des temps, à cause de vous » (1 Pierre 1:
18-20).
De même Jésus pouvait dire aux Pharisiens:
« Avant qu
‘Abraham fut, je suis » (Jean 8: 58);
Et Paul explique comment cela était possible;
« Selon le
dessein éternel qu’il a mis a exécution par Jésus-Christ notre Seigneur » (Éphésiens
3: 11),
dessein où dès le début Jésus entrait comme élément indispensable, pour être
manifesté en chair, c’est-à-dire, pour recevoir une existence personnelle et
individuelle, au moment de sa naissance de Marie par le Saint-Esprit. C’est
cette « sagesse » et
ce « dessein » dont
parlait Jean au début de son évangile:
« Au
commencement était la Parole ».
Le mot « Parole» ici est la traduction du
mot grec logos, qui
signifie pensée ou raison, et par extension la parole qui exprime la pensée ou
la raison. Dès le commencement Dieu avait arrêté Son dessein; et au moment
voulu la Parole a été faite chair — Jésus est né.
Dans quelques passages assez rares, le nom « Dieu» s’applique à Jésus lui-même:
« On
rappellera Admirable, Conseiller, Dieu Puissant, Père Éternel, Prince de la
paix » (Ésaïe 9: 5).
Il n’est guère difficile de comprendre cet usage; Jésus, étant la manifestation
de son Père, agit en toutes choses pour Lui, Le représentera surtout dans le
royaume qui sera établi sur la terre; il jouira de la puissance de Dieu (et
sera donc « Dieu Puissant»);
il sera plus précisément « père de
l’éternité », traduction plus précise du texte hébreu,
c’est-à-dire « père» de
tous ceux qui hériteront par lui la vie éternelle; il est enfin Emmanuel, ce
qui signifie « Dieu avec nous » (voir
Matthieu 1: 23).
Mais cette élévation de Jésus est un honneur qui lui est accordé par la faveur
de son Père. Jamais Jésus ne s’en arroge le droit lui-même. Dans un certain
sens Jésus est Dieu; mais son Père est toujours honoré comme supérieur à lui;
comme dit l’apôtre en citant un psaume:
« C’est pourquoi, ô Dieu, ton Dieu t’a oint D’une
huile de joie » (Hébreux 1: 9);
et Jésus lui-même:
« Je monte à mon Dieu et à ton Dieu » (Jean
20: 17).
Par contraste avec le dogme compliqué et contradictoire de la trinité,
l’enseignement biblique sur le Père, le Fils et le Saint-Esprit s’avère simple
et harmonieux. Dieu, le Père à qui seul appartiennent « gloire, majesté, force et puissance, dès avant
tous les temps, et maintenant, et dans tous les siècles» (Jude 25), se manifesta en chair par la
puissance de Son Saint-Esprit; Jésus naquit et devint le Sauveur de tous ceux
qui s’approchent de Dieu par lui. Rappelons-nous encore les paroles solennelles
qu’on a citées à la tête de cet ouvrage:
« La vie
éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu
as envoyé, Jésus-Christ » (Jean 17: 3).
Dans la Bible seule nous pouvons trouver les bases de cette connaissance
précieuse. La Bible peut nous aider à éviter les erreurs philosophiques et
religieuses qui toutes ont leur origine dans l’esprit humain; elle peut nous
servir de guide et de lumière dans un monde ténébreux et égaré. Prions donc
notre Père, par Jésus-Christ Son Fils, qu’Il bénisse richement notre lecture de
Sa sainte Parole.
Fred Pearce