Après la mort… ?
« Si l’homme une fois mort
pouvait revivre… » (Job 14:14)
Pour
les hommes la mort est un ennemi, un sujet de crainte
et de souffrance. Ils ont toujours essayé d’éviter
cette réalité pénible en se réconfortant de l’idée que l’homme a une âme
immortelle capable de survivre à la mort.
Les religions païennes de l’antiquité témoignent de la ténacité de ces
croyances : en mettant le mort dans son sarcophage, les Égyptiens y mettaient
quelquefois aussi non seulement ses armes (dont il était censé avoir besoin au
cours de son voyage d’outre-tombe) mais aussi sa femme et ses serviteurs ; les
religions nordiques enseignaient qu’il y avait pour les guerriers vaillants,
tombés dans la lutte, un Walhalla où tout n’était que gloire et fête ; les
musulmans croyaient que tuer des infidèles, c’était le moyen infaillible
d’atteindre le paradis, où l’on pourrait prendre autant de femmes que l’on
voudrait. Et c’est une croyance presque universelle
parmi les « chrétiens » qu’après la mort on va au ciel.
Deux observations semblent bien s’imposer : d’abord,
la croyance à l’immortalité de l’âme, d’une façon ou d’une autre, a été très
répandue parmi les hommes, ce qui s’explique assez facilement du fait qu’elle
répond évidemment à un impérieux désir du cœur humain ; ensuite, cette croyance
n’a rien qui soit nécessairement et uniquement chrétien, puisqu’elle s’est
répandue dans toutes les religions et parmi tous les peuples.
Mais qu’est-ce qui arrive donc après la mort ? Où
allons-nous chercher une réponse véridique à cette question angoissante
? Dans les philosophies humaines ? Mais à quoi
bon interroger l’homme sur sa propre destinée ?
Comment peut-il en savoir la vérité ? Et d’ailleurs
les philosophes se contredisent ! N’est-il pas évident
que, s’il existe une réponse définitive à cette question, cette réponse doit
provenir d’une source surhumaine, et qu’autrement elle n’aurait aucune valeur ? Mais cette source, où allons-nous la trouver ?
La Bible seule est capable de répondre à ce besoin fondamental : livre
extraordinaire, voire unique dans la littérature du monde, puisqu’il prétend
expliquer d’une façon définitive tant de problèmes d’une importance capitale
pour tous les hommes : l’origine du monde et de la race humaine, la souffrance
et la mort, et le plan divin pour notre salut. Les auteurs bibliques ne se sont
jamais arrogé la gloire d’avoir pu écrire selon leurs
propres connaissances, car ils se sont tous appelés les serviteurs du Dieu qui
parlait par eux. Voici donc cette source surhumaine dont nous
avons besoin. Si la Bible a quelque chose à nous dire sur la destinée de
l’homme après la mort, il importe bien de le
connaître.
Mais tout d’abord il y a une erreur bien grave à éviter :
L’origine de la nature humaine
Puisque c’est la nature exacte de l’homme que nous voulons préciser, il paraît
bien logique de nous reporter tout de suite au passage de la Genèse où il est
question de la création :
« L’Éternel Dieu forma
l’homme de la poussière de la terre, il souffla dans
ses narines un souffle de vie et l’homme devint une âme vivante » (Genèse 2.7).
Voici une origine bien humble : l’homme fut fait de
poussière pour qu’il sache clairement qu’il appartenait par sa nature à la
terre. Mais quel était ce souffle de vie que Dieu a soufflé dans ses narines ? et qu’est-ce qu’une « âme
vivante » ? Or, l’hébreu nephesh, traduit dans ce verset par le mot « âme »,
porte le sens élémentaire de souffle, respiration, et s’applique à un être,
animal ou homme, qui vit par le souffle, par la respiration. C’est ainsi que ce
terme se trouve plusieurs fois dans le premier chapitre de la Genèse traduit
par le mot « animaux » :
« Dieu dit : Que les eaux produisent en abondance des animaux
(nephesh) vivants… Dieu dit : Que la terre produise
des animaux (nephesh) vivants selon leur espèce… Et à tout animal de la terre,
à tout oiseau du ciel, et à tout ce qui se meut sur la
terre, ayant en soi un souffle de vie (nephesh chaiyah = ‘âme vivante’) je
donne toute herbe verte pour nourriture… » (Genèse 1.20, 21, 24, 30).
De l’étude de ce passage il ressort évidemment que l’homme tout autant que les
animaux est une « âme vivante », une créature vivant de sa respiration, ayant
comme eux un « souffle de vie ». Et puisque Dieu donna
aussi ce souffle de vie aux animaux, il s’ensuit que cela ne signifie d’aucune
façon leur donner l’immortalité, mais tout simplement leur donner cette vie
physique et naturelle dont jouissent également hommes et bêtes.
Les hommes et
les bêtes se ressemblent
Plusieurs passages bibliques soulignent cet enseignement d’importance capitale,
que l’homme ressemble par sa nature aux bêtes. Dans l’époque qui précéda le
Déluge
« la
méchanceté des hommes était grande sur la terre, et toutes les pensées de leur
cœur se portaient chaque jour uniquement vers le mal… La terre était corrompue
devant Dieu, la terre était pleine de violence… car toute chair avait corrompu
sa voie sur la terre » (Genèse 6.5, 11 12) ;
à tel point qu’il ne restait pas d’autre remède que
celui de détruire presque toute la race humaine. D’où les paroles de Dieu à Noé :
« Je vais faire venir le
déluge d’eaux sur la terre pour détruire toute chair ayant souffle de vie sous
le ciel ; tout ce qui est sur la terre périra » (Genèse 6.17).
« J’exterminerai de la face de la terre tous les êtres
que j’ai faits » (Genèse 7.4).
Ainsi,
« Tout ce qui se mouvait
sur la terre périt, tant les oiseaux que le bétail et les animaux, tout ce qui
rampait sur la terre, et tous les hommes. Tout ce qui
avait respiration, souffle de vie dans ses narines… mourut. Tous les êtres qui
étaient sur la face de la terre furent exterminés, depuis l’homme jusqu’au
bétail, aux reptiles et aux oiseaux du ciel : ils furent exterminés de la terre
» (Genèse
7.21 23).
Le sens de ce langage catégorique n’est pas douteux :
c’est que les hommes et les animaux ont un sort identique : ils périssent,
ayant une même nature. L’idée que les hommes survivent de quelque façon en
vertu de leur « âme immortelle » ne se trouve nulle part dans ce récit.
L’Ecclésiaste a un passage également catégorique :
« J’ai dit en mon cœur, au sujet des fils de l’homme, que Dieu les
éprouverait, et qu’eux-mêmes verraient qu’ils ne sont que des bêtes. Car le
sort des fils de l’homme et celui de la bête est pour eux un même sort ; comme
meurt l’un, ainsi meurt l’autre, ils ont tous un même souffle, et la
supériorité de l’homme sur la bête est nulle ; car tout est vanité. Tout va
dans un même lieu ; tout a été fait de poussière, et
tout retourne à la poussière… » (Ecclésiaste 3.18 20).
Impossible de parler plus clairement ; aucune idée ici
de survivance à la mort. Pareillement, le psalmiste raconte au Psaume 104
combien la création animale et humaine dépend de la bonté de Dieu pour sa vie
même :
« …tous les animaux des
forêts sont en mouvement ; les lionceaux rugissent
après la proie, et demandent à Dieu leur nourriture… L’homme sort pour se
rendre à son ouvrage… Tous ces animaux espèrent en toi… Tu leur retires le souffle : ils expirent, et retournent dans leur poussière…
».
Et le psalmiste, comprenant que ce sort attendait l’homme autant que les
animaux, de s’écrier :
«
Je chanterai l’Éternel tant que je vivrai, je célébrerai mon Dieu tant que
j’existerai » (Psaume 104.20 21, 23, 27,
29, 33).
De même le Psaume 49 :
«
L’insensé et le stupide périssent également… Ils s’imaginent que leurs maisons
seront éternelles… mais l’homme qui est en honneur n’a point de durée. Il est semblable aux
bêtes que l’on égorge » (Psaume 49.11 13).
Au dernier verset de ce même psaume se trouve une petite parenthèse très significative :
« L’homme qui est en
honneur et qui n’a pas d’intelligence, est semblable aux bêtes que l’on égorge
» (verset
21).
Pour être supérieur alors aux bêtes, ce qu’il faut à l’homme c’est «
l’intelligence » ; ce qui ne veut pas dire simplement avoir la capacité de la
raison, mais avoir la compréhension des choses spirituelles. Voici donc
l’explication de Genèse 1.26 :
« Dieu dit : Faisons l’homme à notre image ».
L’homme ne fut pas dès son origine doué d’une « âme immortelle », mais plutôt
de la capacité de comprendre les valeurs morales, ce dont les bêtes sont
incapables.
Il faut donc conclure que la nature physique de l’homme et
Les morts sans connaissance
La Bible est logique avant tout. Puisque l’homme cesse
totalement de vivre au moment de sa mort, il ne peut plus penser, ni sentir, ni
réagir d’aucune façon ; il est sans connaissance.
C’est ce que nous dit l’Ecclésiaste :
« Aussi le cœur des fils
de l’homme est-il plein de méchanceté, et la folie est dans leur cœur pendant
leur vie ; après quoi ils vont chez les morts. Car qui
est excepté ? Pour tous ceux qui vivent il y a de l’espérance : et même un chien vivant vaut mieux qu’un lion
mort. Les vivants, en effet, savent qu’ils mourront, mais les morts ne savent
rien, et il n’y a pour eux plus de salaire, puisque
leur mémoire est oubliée. Et leur amour, et leur haine, et leur envie ont déjà péri : et ils n’auront plus jamais aucune part à tout ce qui
se fait sous le soleil » (Ecclésiaste 9.3 6).
Si une âme immortelle continuait d’exister après la mort, ne devrait-on pas
croire que ce serait la partie la plus vitale de l’homme ?
Comment donc affirmer que la personne morte n’a plus d’amour ni de haine ? Ne croit-on point communément que le mort est plus
apte à servir Dieu après son décès qu’il ne l’était avant ?
Comment donc le psalmiste a-t-il pu écrire :
« Reviens, Éternel ! délivre mon âme (= ma
vie) ; sauve-moi à cause de ta miséricorde. Car celui qui meurt n’a plus ton souvenir ; qui te louera dans le séjour des morts ? (c’est-à-dire dans la tombe) » (Psaume 6.5).
Le roi Ézéchias, qui était sur le point de mourir, reçut de Dieu cette parole
par le prophète Ésaïe :
« Tu vas mourir et tu ne vivras plus. »
Ézéchias se montre-t-il joyeux dans l’attente d’aller au ciel pour y servir
mieux son Dieu ? Tout au contraire :
«
Je ne verrai plus l’Éternel, L’Éternel, sur la terre des vivants ; je ne verrai
plus aucun homme parmi les habitants du monde !… Je sens le fil de mes
jours coupé comme par un tisserand » (Ésaïe 38.1, 11 12).
Après que Dieu lui eut accordé un prolongement de vie, Ézéchias s’exclama :
« Tu as pris plaisir à
retirer mon âme (= ma vie) de la fosse de la
destruction (= la tombe)… Ce n’est pas le séjour des morts qui te loue ; ce n’est pas la mort qui te célèbre ; ceux qui sont descendus
dans la fosse n’espèrent plus en ta fidélité. Le vivant, le
vivant, c’est celui-là qui te loue, comme moi aujourd’hui » (Ésaïe 38.17 19).
Le témoignage de ces passages n’admet point de doute :
les morts ne sont plus en état de savoir quoi que ce soit. Il
est donc tout à fait naturel de dire que les morts « dorment », selon
l’expression biblique. Dans le chapitre 12 de Daniel se trouve un des passages les plus catégoriques de toute la Bible. Le
prophète prédit pour la fin des temps
« une
époque de détresse, telle qu’il n’y en a point eu de semblable depuis que les
nations existent jusqu’à cette époque ».
Et le prophète ajoute, en parlant toujours de la même époque
:
« Plusieurs de ceux qui
dorment dans la poussière de la terre se réveilleront. les
uns pour la vie éternelle, et les autres pour l’opprobre, pour la honte
éternelle » (Daniel 12.1 2).
Comme il est clair, ce passage ! Les morts demeurent
dans la poussière de la terre ; puisqu’ils sont sans
connaissance, ils dorment jusqu’à un moment donné. C’est une
expression figurée qu’on relève souvent dans le Nouveau Testament.
« Lazare, notre ami,
dort »,
dit Jésus à ses disciples.
« Jésus avait parlé de
sa mort »,
ajoute l’évangéliste (Jean 11.11, 13). Étienne, martyrisé par les Juifs, « s’endormit » (Actes 7.60).
Paul écrit aux Thessaloniciens :
« Nous ne voulons pas,
frères, que vous soyez dans l’ignorance au sujet de ceux qui sont décédés
» (Note
de la version Segond : « ceux qui dorment ou ceux qui sont morts ») (1
Thessaloniciens 4.13).
Dans d’autres passages semblables la version Segond ne
traduit pas toujours de façon exacte l’original grec, mettant « sont morts ».
Nous citerons donc ici la version de l’abbé Crampon, qui a traduit plus
fidèlement le mot grec, car il s’agit toujours de
l’idée de s’endormir.
« Car si nous croyons
que Jésus est mort et qu’il est ressuscité, croyons aussi que Dieu ramènera par
Jésus ceux qui se sont endormis en lui » (c’est-à-dire, il ressuscitera de la tombe ses fidèles serviteurs endormis)
(1 Thessaloniciens 4.14).
« Nous les vivants, restés pour
l’avènement du Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui se sont endormis »
(c’est-à-dire, les vivants ne recevront pas leur récompense avant les morts.
L’apôtre ne croyait évidemment pas que les morts eussent déjà reçu leur
récompense au ciel !) (1 Thessaloniciens 4.15).
« Jésus est
apparu à plus de cinq cents frères à la fois, dont la plupart sont encore
vivants et dont quelques-uns se sont endormis » (1 Corinthiens
15.6).
« Si Christ n’est pas ressuscité, votre
foi est vaine, vous êtes encore dans vos péchés, et
par conséquent aussi ceux qui se sont endormis en Christ sont perdus » (verset
18).
(Quel passage bouleversant ! Si Christ n’est pas
ressuscité, même ceux qui ont cru en lui sont perdus !)
« Mais Christ est ressuscité, il est les prémices de ceux qui se sont
endormis » (verset 20).
Ce témoignage impressionnant ne laisse plus de doute.
Les morts, étant sans connaissance, dorment dans la poussière de la terre,
oublieux de tout ce qui se fait sur la terre ou au
ciel.
La résurrection des morts
S’il n’y avait pour le serviteur de Dieu aucune autre perspective que le
sommeil éternel de la tombe, il y aurait vraiment de
quoi se désespérer. Mais le passage déjà cité de Daniel (12.1) laisse percevoir
de la façon la plus claire la possibilité d’une vie nouvelle
:
« Plusieurs de ceux qui
dorment dans la poussière de la terre se réveilleront, les uns pour la vie
éternelle et les autres pour l’opprobre, pour la honte
éternelle » (Daniel 12.1).
C’est l’enseignement, bien connu de l’étudiant du Nouveau Testament, de la
résurrection des morts, et du jugement. Ce n’était pas d’ailleurs un
enseignement étranger aux fidèles des anciens temps. Abraham, sommé d’offrir
son fils, s’apprêta à obéir.
«
Il pensait que Dieu est puissant, même pour ressusciter les morts » (Hébreux 11.19).
Le psalmiste s’exclame :
« Ô
Dieu, qui est semblable à toi ?… Tu nous redonneras la vie. Tu nous feras
remonter des abîmes de la terre » (Psaume
71.19 20).
« Les abîmes de la terre » c’est un hébraïsme pour la tombe ;
le psalmiste croyait donc à la résurrection des morts. Jésus s’est
servi d’un langage bien semblable à celui de Daniel 12.1 :
«
L’heure vient où tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix
(celle du Fils de l’Homme — verset 25) et en sortiront. Ceux qui auront fait le
bien ressusciteront pour la vie, mais ceux qui auront fait le mal
ressusciteront pour le jugement » (Jean
5.28).
Il ne s’agira pas de faire descendre les justes du ciel, mais de les
ressusciter là où ils se trouveront, dans les sépulcres, (« dans la poussière
de la terre » (Daniel 12.1)),
pour qu’ils reçoivent la grande récompense de la vie éternelle.
Tout lecteur attentif
du Nouveau Testament sait que le dogme de la résurrection des morts joue un
rôle important dans les épîtres de l’apôtre Paul :
« Le Seigneur lui-même,
à un signal donné, à la voix d’un archange, et au son
de la trompette de Dieu, descendra du ciel et les morts en Christ
ressusciteront premièrement » (1 Thessaloniciens 4.16).
Dans sa première épître aux Corinthiens l’apôtre a
consacré tout un chapitre, le célèbre chapitre 15, à combattre la thèse de
certains qu’il n’y aurait pas de résurrection, et à insister sur le caractère
littéral qu’aurait cet événement saisissant.
Une fois de plus nous pouvons apprécier la logique de la Bible : puisque
l’homme ne vit que par la respiration, quand Dieu retire son souffle, il meurt
et dort dans la tombe s’il doit reprendre la vie, ce ne sera, évidemment, qu’en
se réveillant, en ressuscitant. Mais si « l’âme immortelle » jouit déjà de la
félicité céleste, à quoi bon la résurrection du corps ?
Une âme pure et spirituelle devra-t-elle descendre de sa « demeure glorieuse »
pour s’unir avec les restes pourris d’un corps charnel ?
Il suffit d’avancer une telle idée pour en apprécier
le ridicule. Par contre, l’enseignement biblique est
raisonnable et concorde admirablement avec l’expérience humaine. On sent toute
la force du jugement divin :
« Mais tu ne mangeras
pas de l’arbre de la connaissance du bien et du mal,
car le jour où tu en mangeras, tu mourras certainement » (Genèse 1.17),
« C’est à la sueur de
ton visage que tu mangeras du pain, jusqu’à ce que tu retournes dans la terre,
d’où tu as été pris ; car tu es poussière et tu
retourneras dans la poussière » (Genèse 3.19).
On comprend aussi pourquoi, après la transgression d’Adam et
d’Ève, les anges ont empêché les coupables « d’avancer la main, de prendre de l’arbre de vie, d’en manger et de
vivre éternellement » (Genèse 3.22). Si nous croyons que cette
mort prononcée sur Adam et sur Ève ne l’était qu’en apparence, en vertu de leur
« âme immortelle », n’inculpons-nous pas Dieu de fraude et de mensonge ? Conclusion inconcevable !
Puisque l’homme n’est qu’un souffle, faible de corps et d’esprit, on apprécie
l’urgence de l’exhortation divine, souvent répétée, à choisir le bien et à
rejeter le mal. Moïse dit aux Israélites :
« J’ai mis devant toi la
vie et la mort, la bénédiction et la malédiction.
Choisis la vie… » (Deutéronome 30.19).
Jésus dit :
« Allez par tout le
monde, et prêchez la bonne nouvelle à toute la création. Celui qui croira et
qui sera baptisé sera sauvé : mais celui qui ne croira
pas sera condamné » (Marc 16.15 16).
C’est le choix angoissant qui se pose à tout homme qui connaît la Parole de Dieu ; c’est la conviction de sa déchéance et de sa nature
corruptible, et en même temps une sommation d’obéir à son Créateur pour pouvoir
hériter enfin d’une vie éternelle.
« Oui, mais… »
Le lecteur attentif, tout en reconnaissant la force du témoignage biblique déjà
cité, pourrait bien se demander s’il n’existe pas des passages dans la Bible
qui semblent soutenir la thèse de l’immortalité de l’âme. Il faut dire tout de
suite qu’il y a un nombre très restreint de passages ayant cette apparence, et
nous allons maintenant examiner deux des mieux connus, deux cas dont se servent
le plus souvent ceux qui veulent avancer les preuves de leur thèse. Avant de
les examiner en détail, nous ferons bien de nous rappeler l’enseignement de la
Bible déjà parcouru sur la mortalité fondamentale et complète de l’homme,
enseignement que nous ne pourrons pas évidemment mettre de côté sans des raisons
très importantes. Nous devons nous garder aussi de jamais lire des textes sans
étudier leur contexte ; et veiller à ne lire les
termes bibliques que dans le sens biblique. Ce ne sont là que
des précautions raisonnables qui nous aideront à éviter des erreurs. Le
lecteur sera peut-être un peu surpris de découvrir
que, une fois soumis à un tel examen, les textes choisis par les adhérents de
la théorie de l’âme immortelle n’appuient pas du tout cette thèse.
Le larron
Le cas
du Larron crucifié à
côté de Jésus est probablement le plus célèbre. On connaît
les détails, selon Luc 23.39 43. Sentant la mort proche, le larron se
tourna vers Jésus pour lui dire :
« Souviens-toi de moi
quand tu viendras dans ton règne. Jésus lui répondit :
Je te le dis en vérité, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis ».
Pour ceux qui veulent croire à l’âme immortelle, toute la valeur de ce passage dépend du temps de l’accomplissement de la
promesse faite par Jésus au malfaiteur. Mais on n’a qu’à réfléchir un instant pour s’apercevoir que les difficultés ne manquent
pas. D’abord, ce passage semble soutenir une idée qui
est tout à fait contraire à l’enseignement général de la Bible d’après les
nombreux passages déjà cités. Ensuite, où était Jésus après sa mort ce jour-là ? Au ciel ? Permettons que la
Bible nous le dise :
« Car, de même que Jonas
fut trois jours et trois nuits dans le ventre d’un grand poisson, de même le
Fils de l’homme sera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre
» (Matthieu
12.40),
idiotisme hébraïque qui signifie « dans la tombe ». On
objecte d’habitude que cette affirmation ne s’appliquait qu’au corps de Jésus, et que son âme était ailleurs. Mais il faut absolument
reconnaître, d’abord, que ce mot
« âme », selon les passages déjà cités, ne signifie que « la vie » et ne
comporte nullement l’idée d’immortalité ; ensuite, que « l’âme », ou la vie, ou
la personne, de Jésus était justement dans la tombe pendant ces trois
jours, et non pas ailleurs : Actes 2.27 :
« Car tu n’abandonneras
pas mon âme dans le séjour des morts et tu ne
permettras pas que ton Saint voie la corruption ».
« en
disant qu’il ne serait pas abandonna dans le séjour des morts »,
ou, plus correctement selon le texte grec, que « son âme ne serait pas abandonnée… ». On
ne peut plus douter que, après sa mort, l’âme de Jésus
était dans la tombe, d’où elle a été sauvée au moment de sa résurrection.
Le mot « paradis » a aussi pour les lecteurs modernes un
sens bien différent de son usage biblique. Ce sens moderne,
comportant l’idée d’une demeure où les morts jouissent d’une félicité
éternelle, est en fait un sens très ancien, puisqu’il eut son origine dans les
religions païennes de l’antiquité.
Ainsi dans l’Ancien Testament le mot paradis est d’origine persane, mais
signifie tout simplement en hébreu « verger » ou « jardin » :
« Je me fis des jardins
et des vergers (pardès) » (Ecclésiaste 2.5) ;
« Tes jets forment un jardin
(pardès) » (Cantique 4.13).
Quelquefois les prophètes se servent de cette même idée d’un jardin pour parler
de l’avenir ; par exemple, chez Ézéchiel nous lisons :
« Et l’on dira : cette terre dévastée est devenue comme un jardin
d’Éden » (Ézéchiel 36.35) ;
et dans la prophétie d’Ésaïe (51.3) :
« Ainsi l’Éternel a
pitié de Sion. Il a pitié de toutes ses ruines ;
il rendra son désert semblable à un Éden, et sa terre aride à un jardin de
l’Éternel ».
Il est question ici de l’époque de l’établissement du
royaume de Dieu, époque où la
Cela compris, la réponse de Jésus au larron devient plus claire.
Le larron dit :
« Souviens-toi de moi,
quand tu viendras dans ton règne » (Luc 23.42).
Il est à noter que le larron ne s’attendait pas à partir de la terre pour
rejoindre Jésus quelque part ailleurs ; il s’attendait à ce que Jésus vienne
régner ; autrement dit, il connaissait l’enseignement des prophètes sur
l’établissement du royaume de Dieu sur la terre. Jésus l’assura que son désir
serait accompli :
« Tu seras avec moi dans
le paradis ».
ce qui équivalait à dire : « dans mon règne, mon
royaume ».
Mais ce mot « aujourd’hui » ? Ici il faut se rendre
compte du fait que la ponctuation dans les versions et les manuscrits bibliques
est un phénomène assez moderne ; il n’y en avait pas
avant le IXe siècle de notre ère. Le manuscrit grec porte les mots écrits de
cette façon :
«
JETELEDISENVERITEAUJOURDHUITUSERASAVECMOIDANSLEPARADIS ».
Le lecteur français aurait de la peine à décider s’il devrait lire : « Je te le dis en vérité, aujourd’hui tu seras… » ou « Je te le dis en vérité aujourd’hui, tu seras… ». Mais
il est évident que placer la virgule avant ou après le mot « aujourd’hui »,
c’est changer tout à fait le sens du passage. Or, dans le texte grec, le cas est même plus favorable à la deuxième de ces versions («
Je te le dis en vérité aujourd’hui, tu seras… ») qu’il ne
l’est en français. Il ne manque pas dans le Nouveau Testament
d’expressions analogues où le traducteur n’a pas hésité à joindre l’adverbe
aujourd’hui au verbe précédent et non pas au verbe suivant ;
par exemple, Actes 26.29 :
« …plaise à Dieu que non
seulement toi, mais encore tous ceux qui m’écoutent aujourd’hui, vous deveniez
tels que je suis… ».
Le style de cette expression ressemble tout à fait à celui du passage que nous
sommes en train d’examiner.
Enfin, il n’est pas sans importance de constater que
Jésus se servait dans ces paroles d’une expression hébraïque, Je te le dis aujourd’hui, dont plus
de quarante exemples se rencontrent dans le seul livre de Deutéronome. C’était une affirmation solennelle.
A tout prendre, le sens du passage est assez clair. Le larron pria Jésus de lui accorder une entrée dans le royaume
qu’il établirait sur la terre. Jésus lui affirma de
façon solennelle que son vœu serait réalisé. Pris ainsi le passage
concorde admirablement avec l’enseignement de la Bible, et
les difficultés disparaissent.
Le mauvais
riche et du pauvre Lazare
Nous examinerons maintenant la parabole du mauvais riche et du pauvre Lazare, dont le lecteur
trouvera le récit dans Luc 16.19 31. D’abord, avons-nous affaire à une parabole ou à une
histoire véritable ? Au premier verset du même
chapitre nous lisons :
« Jésus dit aussi à ses disciples : un homme riche avait un économe… »,
et de toute évidence ce qui suit est une parabole. Et
au verset 19 c’est toujours Jésus qui parle à ses disciples :
« Il y avait un homme
riche… ».
Certains détails de ce récit, pris au pied de la
lettre, auraient l’air tout à fait invraisemblables. Peut-on vraiment croire
que les justes et les injustes aillent après leur mort à deux endroits
différents, situés en même temps si proches l’un de l’autre qu’ils puissent s’entretenir ? Et que les justes contemplent sans s’émouvoir
le spectacle des injustes en proie aux tourments de la flamme cruelle ? Et qu’un fidèle comme Lazare soit dans le sein d’Abraham ? On n’a qu’à dresser la liste de telles
discordances pour comprendre qu’on a ici affaire à une
parabole.
En plus, c’est une parabole dont Jésus n’a pas inventé les détails. Les Juifs,
rentrés en
Faut-il en conclure que ces idées soient forcément vraies ?
Évidemment non ; car Jésus prononçait des paraboles non pas pour enseigner
comme vérités les détails dont elles étaient composées, mais pour faire
ressortir chaque fois une leçon fondamentale. Il en est
ainsi dans ce passage, qui, au dernier verset, lançait aux Juifs
l’avertissement le plus solennel :
«
S’ils n’écoutent pas Moïse et les prophètes, ils ne se laisseront pas persuader
même si quelqu’un des morts ressuscitait » (Luc
16.31).
Jésus, qui condamnait
souvent les traditions des Pharisiens, se servait dans cette parabole de leurs
propres croyances pour les confondre. Qu’on ne s’étonne pas
de cette méthode. Après avoir prononcé la parabole du semeur, Jésus dit
à ses disciples (Luc 8.10) :
« Il vous a été donné de
connaître les mystères du royaume de Dieu ; mais pour
les autres, cela leur est dit en paraboles, afin qu’en voyant ils ne voient pas
et qu’en entendant ils ne comprennent point ».
A ceux qui tenaient absolument à défendre leurs fausses idées, il était permis
de rester en erreur ; c’était le cas des Pharisiens.
Les sincères chercheraient à comprendre les paroles de Jésus
; à eux, il leur serait donné de connaître les mystères du royaume de
Dieu.
Il faut donc avouer que ce passage non plus, une fois
examiné et compris, ne soutient pas la thèse de l’immortalité de l’âme. Il en
est de même des autres versets cités de temps en temps par les défenseurs de
cette thèse ; un examen attentif révèle toujours qu’il
n’en est rien ; c’est un dogme que la Bible n’enseigne point.
Résumé
De l’étude précédente il s’ensuit qu’une doctrine très répandue, voire
considérée comme fondamentale dans la chrétienté, à savoir que l’homme possède
une âme immortelle, est une doctrine tout à fait fausse ;
et il faut dire aussi que les conséquences qui en découlent sont très graves.
D’abord, se croyant déjà doués en quelque façon de
l’immortalité, les hommes ont tendance à se considérer comme très précieux aux
yeux de Dieu, en vertu du seul fait qu’ils sont des hommes. Grosse
erreur, et qui est à l’encontre de tout l’enseignement
de la Bible. Selon la Parole de Dieu, l’homme, fait de
poussière, y retourne après la mort à cause de sa nature pécheresse et
mortelle. Ce n’est qu’après avoir vraiment compris ce dogme fondamental et
s’être rendu compte en même temps de sa petitesse, de
son peu de valeur, que l’homme est en état de s’approcher de son Dieu.
Il s’ensuit aussi que le Purgatoire est un mythe puisé dans la religion païenne
de l’antiquité, et que le culte des « saints » c’est de la peine perdue, pour
n’en pas dire pis, puisque, n’étant que des hommes, ils « dorment dans la poussière de la terre » (Daniel 12.2) comme le reste de l’humanité
mortelle.
Ensuite, l’immortalité se révèle comme le « don gratuit » de Dieu, mais un don accordé sous conditions ; d’où l’importance capitale de savoir quelles
sont ces conditions, et de connaître l’enseignement de la Bible, qui seule peut
nous en instruire.
« Je serai sanctifié par
ceux qui s’approchent de moi »,
dit Dieu à Israël (Lévitique 10.3) ; comment l’homme
pécheur et mortel peut-il s’arroger le droit de poser ses propres conditions
pour s’approcher de son Créateur ?
Enfin nous sommes en état maintenant de bien comprendre le caractère
indispensable du sacrifice de Jésus-Christ. La mort du
Fils de Dieu n’était pas un vain geste ; il ne se soumit pas à la grande
épreuve de la croix pour « sauver » des hommes déjà doués d’une âme immortelle
et qui n’avaient donc aucun besoin de son sacrifice ! Voilà à
quelle absurdité la croyance populaire nous entraîne. La vérité, c’est
que les hommes ont vraiment besoin du salut, qui leur est
offert uniquement par la foi en Jésus-Christ.
« Il n’y a de salut en
aucun autre ; car il n’y a sous le ciel aucun autre
nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés
» (Actes
4.12).
C’est le cœur même de l’évangile, cette « puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit
» (Romains 1.16). Mais comment comprendre l’œuvre du
Christ sans comprendre la nécessité absolue du salut pour les membres d’une
race humaine déchue et mortelle ?
Que cette fausse croyance soit répandue dans le monde soi-disant chrétien, de
sorte que beaucoup de gens sont en erreur, il n’y a pas
là de quoi s’étonner. Les hommes n’ont jamais respecté longtemps les vérités divines ; ils les ont toujours changées et corrompues.
Rappelons-nous l’avertissement solennel lancé par l’apôtre Paul
:
« Car il viendra un
temps où les hommes ne supporteront pas la saine doctrine ;
mais… détourneront l’oreille de la vérité et se tourneront vers les fables » (2
Timothée 4.3 4).
Les philosophies humaines, laïques ou confessionnelles, n’ont
aucune valeur en elles. Remettons-nous uniquement à la Parole de Dieu, qui
seule est capable de nous instruire et nous éclairer
sur nos faiblesses naturelles, et en même temps de nous faire savoir les
conditions indispensables du salut en Jésus-Christ.
Fred Pearce
(Sauf mention contraire, toutes les citations sont tirées de la Traduction
Louis Segond, Version revue 1975.)
Voici une sélection parmi les
nombreux passages où il est dit que l’âme humaine est susceptible de mourir :
Deutéronome 19.6
« …il
s’enfuira… de peur que le vengeur de sang ne (le) frappe mortellement… » (héb. : « ne tue l’âme de… ») ;
Deutéronome 19.11
« …après l’avoir frappé… de manière
à causer sa mort… » (héb. : « à tuer son âme ») ;
Juges 16.30
« Que je meure
avec les Philistins ! » (héb. : « Que mon âme meure… ») ;
« Ils perdent
la vie… » (héb. : « Leur âme meurt… ») ;
Psaume 49.19
« Tu iras au
séjour de tes pères » (héb. : « L’âme ira… ») ;
Psaume 78.50
« Il ne sauva pas leur âme de la
mort » ;
Ézéchiel 18.4
« L’âme qui pèche, c’est
« L’hébreu nephesh, âme,
se rencontre 754 fois dans l’Ancien Testament ; dans 326 de ces passages il est
affirmé que l’âme est passible de la mort ; dans 203 autres, qu’elle est en
danger de mort ; dans 123 elle est sauvée de la mort, ce qui montre qu’elle en
est passible. Le grec psukhê se
rencontre 106 fois dans le Nouveau Testament ; 45 fois
la psukhê (l’âme)
est passible de la mort ; 29 fois en danger de mort ; 16 fois est sauvée de la
mort. » (Waller : Concordance on the Soul)