LE VRAI DIABLE

Par

Alan Hayward

 


TABLE DES MATIÈRES

1. Deux interprétations

2. Commençons par le commencement

3. Les croyances des Juifs

4. Le diable dans le Nouveau Testament

5. Comment le Seigneur Jésus conquit le diable

6. Le problème des démoniaques

7. D’où vient vraiment le péché ?

8. Conclusions

9. Appendice - Quelques passages problématiques :
Satan tombé du ciel
Le grand dragon rouge
Éprouver les esprits
Les esprits en prison
Les anges qui avaient péché
Les esprits méchants dans les lieux célestes

 

 

 

LE VRAI DIABLE

1. DEUX INTERPRÉTATIONS

Un jour, un accusé déclara au juge : « Oui, j’ai commis le crime dont on m’accuse, mais je ne suis pas coupable. Je n’ai pas pu m’en empêcher, car j’étais possédé du diable au moment du crime » ! Nul besoin d’ajouter qu’il fut condamné.

Dans le monde entier on s’intéresse de plus en plus au domaine occulte. On raconte beaucoup d’histoires étranges de gens possédés et sous le contrôle du diable ou d’un esprit malin moindre.

Qu’y a-t-il de vrai dans ces histoires ? Existe-t-il vraiment un Prince des Ténèbres, à la tête d’une armée nombreuse et invisible d’esprits malins parcourant le monde, et qui sont la cause véritable de toute la méchanceté et des souffrances du monde ? Ou s’agit-il d’un mythe, comme le Père Noël et les fées ?

Le seul moyen d’obtenir la réponse véridique consiste à consulter la Bible, qui est bien à même de nous éclairer. Mais il faut considérer la Bible très, très attentivement, car ce qu’elle nous enseigne sur le diable est souvent mal compris.


Le point de vue notoire

La plupart des gens qui croient en Dieu et en Jésus-Christ croient aussi au diable, autrement connu sous le nom de Satan. Questionnés sur le diable, ils répondraient probablement ainsi : « C’est un ange déchu, autrefois l’un des plus célèbres au ciel. Mais il s’enorgueillit et se révolta contre Dieu. Alors Dieu chassa Satan du ciel, de même que tous les anges qui se rallièrent à lui. Maintenant Satan et ses disciples maléfiques habitent la terre en tant qu’esprits malins, incitant les hommes à pécher ».

Mais certains, dont l’auteur de ce livret, ne peuvent accepter ce point de vue. Il compare plutôt Dieu à un homme qui, trouvant sa maison infestée de rats, s’en débarrasserait en les chassant dans la maison du voisin !

Évidemment, la façon correcte de se débarrasser d’un fléau de rats serait de les détruire. Un brave homme ne les obligerait pas à filer chez son voisin. Pourquoi donc Dieu, se trouvant ainsi aux prises avec une bande d’anges rebelles, les aurait-Il chassés de Sa maison céleste pour nous importuner ? Pourquoi ne les aurait-Il pas détruits ?

Si l’on se pose la même question concernant les êtres humains dissolus, la réponse est simple. Les méchants sont capables de repentance, et Dieu, dans Sa miséricorde, leur accorde le droit de vivre pour un temps, afin qu’ils aient la possibilité d’obtenir le salut. Mais nulle part dans la Bible il n’est suggéré que le diable puisse se réformer et être sauvé de son péché. Pourquoi donc, si le diable est un ange rebelle, Dieu le laisse-t-Il vivre ?

Si ce problème vous préoccupe, cela vous intéressera peut-être de savoir que certains croyants en la Bible ne considèrent pas le diable comme un ange déchu. Ces croyants, de nos jours, restent attachés à une interprétation qui a toujours été adoptée dans le passé par beaucoup de lecteurs attentifs de la Bible.

 

 

L’autre interprétation

Le diable existe ; un diable terrible, mortel. Que l’on ne s’y trompe pas. Mais selon cette autre interprétation, que j’adopte moi-même, le diable n’est pas un ange déchu. Le vrai diable est quelque chose de pire même qu’un ange déchu.

Cela vous paraît-il peu probable ? Pourrait-il y avoir quelque chose de pire qu’un esprit très méchant combattant contre nous ? Une seule chose pourrait l’être… Quoi de pire qu’un ennemi qui pilonne de ses canons les murailles d’une forteresse ? C’est un traître : c’est un ennemi qui attaque de l’intérieur. Selon cette autre interprétation, voilà l’identité réelle du diable : un ennemi qui vient de notre for intérieur. Autrement dit, quand la Bible parle du diable, elle présente une sorte de parabole. Le diable de la Bible englobe toute la méchanceté qui réside au cœur des hommes et des femmes.

Du temps de la Réforme protestante, quand on étudiait la Bible avec zèle à la recherche de la vérité, cette interprétation était très répandue. Lauran Pain, qui, lui, semble avoir cru en un ange déchu, le reconnaît dans son étude historique de la question. Il écrit : « La Réforme donna l’impulsion à l’idée que les diables ne sont pas obligatoirement des entités individuelles, mais peuvent en fait se trouver dans les pensées méchantes innées et dans les actions individuelles malfaisantes ».

Les Christadelphes considèrent Satan comme une simple descrip­tion du cœur humain, et ils ne sont pas les seuls. Mais cela dit, la question fondamentale s’impose : quel est l’enseignement de la Bible ?

A cette question, l’étude qui suit cherche à répondre. En la lisant essayons de garder un esprit ouvert. Il y a de bien meilleures raisons à l’appui de cette deuxième interprétation de Satan que n’en indiquent les apparences.

 

 

2. COMMENÇONS PAR LE COMMENCEMENT

Adoptons la règle d’or de toute étude biblique : commencer au com­mencement. C’est le bon sens élémentaire. La seule façon de comprendre n’importe quel livre est de commencer par le Chapitre 1 et de progresser jusqu’à la fin. Pourtant très peu de gens suivent cette méthode quand il s’agit de la Bible, ce qui est bien surprenant. Quand on demande à quelqu’un de prouver, d’après la Bible, que Satan est un ange déchu, par où commence-t-on ? On commence presque certainement au Nouveau Testament, et probablement au tout dernier livre du Nouveau Testament, le Livre de l’Apocalypse. Presque invariablement on ne cite rien avant le Livre de Job, vers la fin de la première moitié de la Bible.

Évitons donc cette erreur commune et commençons logiquement au tout premier chapitre de la Bible. Les trois premiers chapitres du premier livre, la Genèse, nous décrivent comment Dieu créa le monde et les premiers êtres humains, Adam et Eve. Il leur donna une loi à respecter, mais ils Lui désobéirent.

En ce temps-là, paraît-il, « Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs, que l’Éternel Dieu avait faits » (Genèse 3.1). Il semble que le serpent ait pu marcher debout, et il avait certainement le don de la parole, dont il se servit pour induire Eve et son mari à pécher.

Ceux qui croient en un diable, ange déchu, répondront peut-être : « Oui, mais ce n’était pas simplement un serpent ; c’était Satan qui avait pris possession du corps du serpent et qui parlait par sa bouche ». Cette suggestion ne commande qu’une seule question : où cela est-il dit ? Le Livre de la Genèse ne l’indique certainement pas !

Il est dit explicitement dans la Genèse que le serpent s’adressa à la femme. On n’y trouve la moindre allusion à la présence d’un esprit malin. De même, l’apôtre Paul se référant à cet incident déclare :

« le serpent séduisit Eve par sa ruse » (2 Corinthiens 11.3). Il ne dit pas « Satan séduisit Eve », comme tant de gens l’imaginent erronément, mais « le serpent ».

Il est intéressant de noter que Paul ne parle pas d’un serpent « méchant », mais simplement « rusé », et que le Seigneur Jésus se sert de l’expression « prudents comme les serpents » (Matthieu 10.16). Dieu n’a jamais imposé de lois aux animaux, comme Il en a donné aux humains. Par conséquent, un animal ne peut pécher, même s’il lui est possible d’inciter les humains à le faire.

Paul ne blâme pas Satan pour le péché d’Adam. Bien qu’il parle de la chute d’Adam en plusieurs endroits, Paul ne mentionne pas une seule fois le diable ou Satan dans ce contexte. Au contraire, il nous explique clairement à qui revient la faute :

« par un seul homme le péché est entré dans le monde… Adam » (Romains 5.12‑14).

Le seul passage du Nouveau Testament qui paraisse enseigner le contraire est Apocalypse 12, où, au verset 9, une créature étrange, ayant sept têtes, reçoit le nom de « serpent ancien, appelé le diable et Satan ». Comme le Livre de l’Apocalypse n’est pas un livre d’histoire, ce passage ne décrit pas les événements passés du Jardin d’Éden. Selon le tout premier verset de l’Apocalypse, elle a été donnée pour montrer « les choses qui doivent arriver bientôt », donc les futurs événements sur la terre, sous forme de parabole. L’Apocalypse ne nous informe pas que le serpent d’Éden était un ange déchu, mais, au contraire, nous décrit un serpent ayant sept têtes. Comment pourrait-on y voir une description du serpent d’Éden ?

Ainsi donc, le message de la Genèse et celui d’autres livres bibliques s’y référant ressortent clairement. On ne peut attribuer la méchanceté de la nature humaine à un ange déchu. Il faut faire retomber le blâme sur les coupables : sur Adam, et sur ses descendants pécheurs, nous-mêmes inclus.

 

La Loi de Moïse

Les cinq premiers livres de la Bible — Genèse, Exode, Lévitique, Nombres et Deutéronome — reçoivent dans leur ensemble le nom de « Loi de Moïse », parce que Moïse les écrivit. Ils représentent un peu plus d’un sixième de la Bible actuelle, mais pendant des centaines d’années ils constituaient la seule Bible que possédât le peuple de Dieu, parce que le reste de la Bible n’avait pas encore été écrit.

Néanmoins, la Loi de Moïse englobait un guide complet pour le peuple de Dieu de ce temps-là. Elle leur expliquait comment éviter le péché, et quel genre de vie Dieu attendait d’eux. Pourtant elle ne mentionne jamais le diable ou Satan - pas une seule fois.

Cette constatation provoque une question importante. S’il y a vraiment un ange déchu qui pousse les humains à pécher, pourquoi Dieu, n’a-t-Il pas averti Son peuple de ce danger mortel quand Il lui donna Sa révélation, la Loi de Moïse ? Selon les apparences, Dieu n’avait pas l’intention de laisser croire son peuple des temps anciens à un diable, ange déchu.

Naturellement, à lui seul, cet argument basé sur l’omission ne peut convaincre. Mais du moins est-ce un point valide à noter tandis que l’étude se poursuit.

D’autres livres de l’Ancien Testament

L’Ancien Testament, dans son ensemble, forme plus des trois quarts de la Bible. Pourtant dans l’Ancien Testament tout entier le diable n’est jamais mentionné sous ce nom, pas une seule fois.

Même le nom propre « Satan » n’apparaît que trois ou quatre fois dans l’Ancien Testament. On peut en déduire, semble-t-il, que Satan ne représentait pas une partie très importante de l’enseignement de l’Ancien Testament. Essayons de découvrir l’identité de ce Satan qui remplit un rôle si effacé dans l’histoire de l’Ancien Testament.

Le nom propre « Satan » n’était pas simplement un nom démuni de sens, comme beaucoup de nos noms modernes. Ce nom-là avait un sens très clair, comme Eve (« vie ») ou Abraham (« père d’une multitude »). L’Ancien Testament fut écrit principalement en hébreu, et satan est un mot hébreu signifiant accusateur, ennemi ou adversaire. Quand ce mot satan apparaît en nom propre, il est en général précédé de l’équivalent hébreu du mot « le ». Le nom signifie donc « l’Accusateur », « l’Ennemi » ou « l’Adversaire ».

Voici les seuls passages de l’Ancien Testament hébreu où l’on trouve ce mot Satan présenté, semble-t-il, afin d’être considéré comme nom propre : Psaume 109.6 ; 1 Chroniques 21.1 ; Job, chapitres 1 et 2 ; Zacharie 3.1‑2.

Au Psaume 109.6, la plupart des versions françaises ne gardent pas le nom Satan. La version Segond et la version synodale le traduisent par « un accusateur », et la version d’Ostervald par « l’adversaire ». Les érudits pensent maintenant que l’auteur hébreu ne destinait pas le mot satan à être pris comme nom propre dans ce passage. De toute évidence, dans ce cas du moins, « l’accusateur » ou « l’adversaire » se rapporte à un simple homme.

Examinons 1 Chroniques 21.1, où la plupart des traductions considèrent Satan comme nom propre. Même dans ce cas, certains traducteurs modernes annotent que le mot Satan peut très bien être traduit par « l’adversaire ». On a, en fait, de bonnes raisons de croire qu’à 1 Chroniques 21.1 le nom hébreu, Satan, « l’Ennemi », se rapporte à une armée ennemie qui, en effrayant David, le poussa à faire le dénombrement de ses soldats. Un autre récit du même événement (
2 Samuel 24.1) déclare que Dieu excita David à faire ce recensement.

Cela ne veut pas dire que « l’Ennemi » était Dieu Lui-même ! Dans tout le reste de la Bible, quand Satan apparaît en nom propre, c’est-à-dire précédé de l’équivalent hébreu ou grec du mot « le » — « l’Ennemi » — il ne représente jamais rien de bon. Il se réfère toujours à ce qui est mauvais, comme la méchanceté de la nature humaine, ou des hommes qui s’opposent à Dieu ou au peuple de Dieu ; il paraît donc peu probable qu’il se réfère à Dieu dans ce verset.

Néanmoins, la Bible ne se contredisant pas, essayons d’expliquer comment « Dieu » et « l’Ennemi » pourraient tous deux avoir été la cause de l’action de David. Cela n’est pas trop difficile lorsqu’on examine ce que Dieu dit à Jérusalem par le prophète Ésaïe : « Je (Dieu) t’investirai de toutes parts, je te cernerai par des postes armés, j’élèverai contre toi des retranchements » (Ésaïe 29.3). Évidemment, Dieu n’accomplit pas toutes ces actions Lui-même. Ce verset prouve clairement que Dieu provoqua une armée ennemie à l’action. Pareillement, 1 Chroniques 21.1 et 
2 Samuel 24.1 sont tous deux d’accord pour nous faire savoir que l’ennemi humain d’Israël, en effrayant David, l’excita à mal faire, mais que Dieu fut l’instigateur de la présence de cette armée ennemie.

Toutefois, si l’on voit en Satan un grand être maléfique, on ne parvient absolument pas à expliquer la contradiction entre 1 Chroniques 21.1 et 
2 Samuel 24.1. Tentez-le, et vous verrez par vous-même son impossibilité, à moins de soutenir que Dieu dirige les actions de cet esprit maléfique, argument totalement opposé à l’idée que la plupart des gens se font de Satan.

 

 

Job et Zacharie

Il ne nous reste que deux passages de l’Ancien Testament où Satan est clairement présenté en nom propre, et où, selon les apparences, on pourrait le prendre pour une sorte d’être surnaturel : 
Job 1 et 2 et Zacharie 3.

Mais cela n’est pas forcément le cas. L’Ancien Testament présente quelquefois de simples humains comme des êtres surnaturels, uniquement pour souligner une caractéristique. Considérons, par exemple, ce passage :

« Dieu se tient dans l’assemblée de Dieu, il juge au milieu des dieux… J’avais dit (c’est Dieu qui parle) : Vous êtes des dieux, vous êtes tous des fils du Très-Haut. Cependant vous mourrez comme des hommes » (Psaume 82.1, 6, 7).

Qui furent ces êtres que Dieu appela « dieux » ? Nul besoin de chercher à deviner. Le Seigneur Jésus-Christ nous le dit. Il cita ce passage, et expliqua que ces « dieux » étaient purement et simplement des êtres humains « à qui la parole de Dieu a été adressée » (Jean 10.34‑35). En d’autres termes, c’étaient des Israélites. Dieu les appelait « dieux » pour faire ressortir les hauts privilèges de ces gens.

De même, il semble évident que le « Satan » de Job et de Zacharie, n’était pas vraiment un être surnaturel. « Satan » — « l’Ennemi » — dans ces deux livres aurait pu être un homme particulièrement méchant qui s’opposait à Dieu à cette époque-là ; ou bien le nom aurait pu être choisi comme une sorte de symbole, pour représenter toute l’opposition humaine méchante, à Dieu et au peuple de Dieu. (Il y a un parallèle intéressant à Deutéronome 32.15. Dans certaines versions on trouve le nom Jésurun, mot qui donne l’impression d’être le nom d’un homme. En fait c’est un nom symbolique, représentant une communauté entière, ou, comme le précise l’annotation de la version synodale, le nom poétique d’Israël. La version Segond met, tout simplement, « Israël ».)

Une étude détaillée des deux premiers chapitres de Job révèle que tel est le cas. Ce Satan-là — « l’Ennemi » de Job — ne possédait lui-même aucun pouvoir surnaturel. Satan dut emprunter à Dieu le pouvoir dont il se servit alors pour faire souffrir Job (
Job 1.11‑12). Job lui-même déclara que ses souffrances venaient en fait de Dieu, et non de quelque être surnaturel maléfique (Job 1.21 ; 2.10). De plus, la fin du Livre de Job nous décrit comment ses frères et sœurs « le plaignirent et le consolèrent de tous les malheurs que l’Éternel avait fait venir sur lui » (42.11 ). Manifestement, ce Satan était un homme méchant, ou un groupe d’hommes remplis de jalousie à l’égard de Job, à qui Dieu donna la possibilité de faire souffrir Job, pour leur faire comprendre leur erreur.

Il reste Zacharie 3, qui nous dépeint le souverain sacrificateur Josué confronté par Satan. Heureusement, ce chapitre nous est expliqué par le Livre d’Esdras, qui nous donne un compte-rendu purement historique de la lutte de Josué avec « Satan ». Esdras 3 décrit comment Josué induisit le peuple à commencer de rebâtir les ruines du temple de Dieu. D’après Esdras 4.1‑4, « les ennemis de Juda et de Benjamin apprirent que les fils de la captivité bâtissaient un temple à l’Éternel », alors ils « découragèrent le peuple de Juda ; ils l’intimidèrent pour l’empêcher de bâtir ». Ces ennemis sont représentés dans le langage parabolique de Zacharie 3 par Satan, « l’Ennemi ».

 

 

Qui fut Lucifer ?

Ceux qui croient à un diable, ange déchu, sont très désappointés par l’Ancien Testament. Ils se rendent compte que l’Ancien Testament devrait spécifier que Satan est un ange déchu, si c’est vraiment la croyance que Dieu attend de Ses disciples. Alors, puisque l’on n’y trouve rien de tel, ils ont recherché dans l’Ancien Testament ce qui pourrait servir de base à leur croyance. Ils peuvent tirer parti de deux passages seulement, dont voici le premier :

« Te voilà tombé du ciel, astre brillant, fils de l’aurore ! … Tu disais en ton cœur : Je monterai au ciel, j’élèverai mon trône au-dessus des étoiles de Dieu… Mais tu as été précipité dans le séjour des morts, dans les profondeurs de la fosse » (Ésaïe 14.12‑15).

Seule une situation désespérée dans la défense d’une théorie douteuse pourrait contraindre quelqu’un à appliquer ce passage au diable. De toute évidence, un ange n’y a rien à voir. Le verset suivant même en donne l’explication :

« Ceux qui te voient fixent sur toi leurs regards, ils te considèrent attentivement : Est-ce là cet homme qui faisait trembler la terre, qui ébranlait les royaumes ? » (verset 16).

Donc Lucifer n’était pas un ange : c’était un homme. Le début du chapitre nous donne son identité exacte :

« Alors tu prononceras ce chant sur le roi de Babylone, et tu diras… » (verset 4).

Il est facile de voir pourquoi ce grand homme fut qualifié d’« astre brillant » ou « Lucifer ». Lucifer est l’ancien nom de Vénus, « l’étoile du matin », qui est l’astre le plus brillant du ciel. Du temps de Babylone, ses rois étaient les plus puissants sur la terre. Le prophète Daniel dit à l’un des rois les plus célèbres de Babylone, Nebucadnetsar :

« C’est toi, ô roi, qui es devenu grand et fort, dont la grandeur s’est accrue et s’est élevée jusqu’aux cieux, et dont la domination s’étend jusqu’aux extrémités de la terre » (
Daniel 4.22).

Mais le dernier des puissants rois de Babylone, dont la grandeur « s’est élevée jusqu’aux cieux », allait être humilié. Son abaissement allait ébranler le monde d’alors : événement aussi spectaculaire que si Lucifer (Vénus) était tombé du ciel.

Ésaïe 14 est clairement une description poétique de la chute du roi de Babylone. Si d’aucuns déclarent : « Le verset parle du roi de Babylone, mais veut dire Satan », ils se montrent coupables de récrire la Bible à leur gré.

Nos esprits modernes trouvent peut-être étrange que Dieu ait annoncé à ce roi des temps anciens qu’il serait précipité du ciel dans le séjour des morts. Mais ce langage figuré est très commun dans la Bible. Par exemple, rappelons les reproches du Seigneur Jésus à la ville impénitente de Capernaüm, au pays d’Israël :

« Et toi, Capernaüm, qui as été élevée jusqu’au ciel, tu seras abaissée jusqu’en enfer » (Matthieu 11.23, Version Synodale).

Capernaüm n’était pas vraiment aux cieux : c’était simplement la façon choisie par le Seigneur pour la dépeindre en ville grandiose et fière. De même, son abaissement en enfer est le style imagé dont se sert la Bible pour décrire son humiliation.

Le seul autre passage de l’Ancien Testament quelquefois attribué à tort à la chute de Satan se trouve à Ézéchiel 28. Mais ce chapitre aussi déclare explicitement que la personne en question est un roi humain. Le chapitre commence ainsi :

« La parole de l’Éternel me fut adressée, en ces mots : Fils de l’homme, dis au prince de Tyr : Ainsi parle le Seigneur, l’Éternel… »

et continue par :

« Fils de l’homme, prononce une complainte sur le roi de Tyr ! » (Ézéchiel 28.1‑2,12).

Ézéchiel dépeint ensuite ce roi de Tyr en chérubin ayant été en Éden, ce qui incite certaines personnes à y voir Satan déguisé en roi. Leur conclusion est sans fondement. Trois chapitres plus loin, Ézéchiel ajoute à la liste des rois en Éden le roi d’Égypte et quelques autres rois. Or, ils n’ont tous pu être le diable en personne ! De toute évidence, cette description d’Ézéchiel 31 adopte un style poétique pour énumérer les hauts privilèges de ces rois, qui régnaient dans une partie du monde où Dieu était à l’œuvre parmi Son peuple, Israël.

Nous voyons, donc, qu’il n’y a aucun mot dans l’Ancien Testament qui permette de prouver que Satan est un ange déchu. Il n’y en a d’ailleurs aucun non plus dans le Nouveau Testament. Il existe seulement deux passages du Nouveau Testament où il est question d’un Satan qui tombe du ciel, et même ceux-ci ne spécifient pas que Satan fut une fois un ange.

 

 

3. LES CROYANCES DES JUIFS

Il est possible de résumer ainsi le témoignage de l’Ancien Testament. Le diable n’est mentionné nulle part dans l’Ancien Testament. Satan n’est mentionné qu’à partir de la deuxième moitié de l’Ancien Testament, et alors seulement en quatre endroits. Dans deux de ceux-ci, le mot se réfère clairement à un ennemi humain ordinaire. Dans les deux autres, Satan est probablement un symbole de la méchanceté humaine, s’opposant à Dieu et à Son peuple. Il n’est nulle part question d’un ange révolté contre Dieu et renvoyé du ciel.

L’Ancien Testament est un livre juif. Comment les Juifs eux-­mêmes comprenaient-ils les quatre références à Satan dans l’Ancien Testament ? Croyaient-ils à un Satan surnaturel, ou considéraient-ils Satan comme un symbole de la méchanceté humaine ?

Voici les écrits de trois érudits qui ont répondu à cette question, pas un seul d’entre eux n’est Christadelphe.

Il est clair que du temps de l’Ancien Testament les Juifs ne croyaient pas en un Satan surnaturel. Ils partageaient évidemment le point de vue de l’auteur de cette étude : que Satan est une sorte de parabole, un symbole du péché humain.

Qui inventa le Diable surnaturel ?

Nous avons vu que l’Ancien Testament n’enseigne pas la doctrine d’un Satan, esprit méchant. Les érudits nous font savoir que les Juifs anciens n’y croyaient pas non plus. Pourtant, du temps du Christ, beaucoup de Juifs et beaucoup de Gentils avaient adopté la croyance en un Satan, ange déchu. D’où vient cette doctrine ?

Les historiens expliquent qu’elle débuta dans le pays connu sous le nom de Perse, qu’on appelle aujourd’hui l’Iran. Environ cinq cents ans avant Jésus-Christ, les Juifs dépendaient de l’Empire perse, et ils apprirent à bien connaître les croyances religieuses des Perses.

La religion perse finit par être connue sous le nom de Zoroastrisme. Les Perses croyaient en de nombreux dieux, mais surtout en deux grands êtres surnaturels. L’un, esprit bon, reçut le nom d’Ahura Mazda, dieu de la lumière et source du bonheur. L’autre était un esprit mauvais, appelé Angra Mainyu, le dieu des ténèbres et la source du malheur. Les Perses pensaient que ces deux grandes puissances combattaient constamment pour la possession du monde et pour les âmes humaines.

L’un des prophètes de l’Ancien Testament, Ésaïe, s’inquiétait de cette fausse doctrine, peut-être parce qu’il prévoyait comment certains Juifs pourraient se laisser influencer par elle. Donc, dans une de ses prophéties, il s’attaque directement à la religion perse. Désirant peut-être s’assurer que tout le monde puisse saisir son argument, il adresse cette prophétie à Cyrus, roi de Perse :

« Ainsi parle l’Éternel à son oint, à Cyrus… Je suis l’Éternel, et il n’y en a point d’autre, à part moi, il n’y a point de Dieu… Je forme la lumière, et je crée les ténèbres ; moi, l’Éternel, je fais toutes ces choses » (Ésaïe 45.1‑7).

En d’autres termes, Dieu déclare que la religion du Zoroastrisme est une religion fausse. Il n’y a pas deux puissances surnaturelles, il n’y en a qu’une seule : Dieu Lui-même. Angra Mainyu, la Puissance des Ténèbres, n’existe pas. L’Éternel Dieu est la source, à la fois, de la lumière et de l’obscurité, de la joie et de la souffrance.

Ésaïe ne fut pas le premier à enseigner cette vérité. Des centaines d’années auparavant, dans l’un des premiers livres de la Bible, Dieu avait dit par l’intermédiaire de Moïse :

« Sachez donc que c’est moi qui suis Dieu, et qu’il n’y a point de dieu près de moi ; je fais vivre et je fais mourir, je blesse et je guéris, et personne ne délivre de ma main » (Deutéronome 32.39).

Il ne dit pas : « Satan blesse et Dieu guérit », mais : « Dieu blesse et Dieu guérit ».

 

Les mauvais esprits dans l’Ancien Testament

Un autre moyen de connaître les croyances des Juifs anciens est d’étudier dans l’Ancien Testament les références aux mauvais esprits.

Dans l’ensemble de l’Ancien Testament il y a très peu de passages qui font mention de mauvais esprits ou de choses similaires. En voici une liste complète. Elle mérite d’être examinée avec soin, car si on n’a jamais remarqué ces passages auparavant, ils peuvent étonner :

« Alors Dieu envoya un mauvais esprit entre Abimélec et les habitants de Sichem » (Juges 9.23) ;

« L’esprit de l’Éternel se retira de Saül, qui fut agité par un mauvais esprit venant de l’Éternel. Les serviteurs de Saül lui dirent : Voici, un mauvais esprit venant de Dieu t’agite. Que notre seigneur parle ! Tes serviteurs sont devant toi. Ils chercheront un homme qui sache jouer de la harpe ; et, quand le mauvais esprit venant de Dieu sera sur toi, il jouera de sa main et tu seras soulagé » (
1 Samuel 16.14-16) ;

« Le lendemain, le mauvais esprit venant de Dieu saisit Saül, qui eut des accès de délire au milieu de la maison » (
1 Samuel 18.10) ;

« Alors le mauvais esprit venant de l’Éternel fut sur Saül, qui était assis dans sa maison, sa lance à la main. David jouait, et Saül voulut le frapper avec sa lance contre la paroi » (
1 Samuel 19.9‑10) ;

« Et maintenant, voici, l’Éternel a mis un esprit de mensonge dans la bouche de tous tes prophètes qui sont là » (1 Rois 22.23 ; voir aussi versets 19‑22) ;

« Il (Dieu) déchaîna contre eux (les Égyptiens) l’ardeur de son courroux, la fureur, l’indignation, la colère, toute une armée d’anges du malheur » (Psaume 78.49, Version Synodale) ;

« L’Éternel envoya la peste en Israël… Comme l’ange étendait la main sur Jérusalem pour la détruire, l’Éternel se repentit de ce mal, et il dit à l’ange qui faisait périr le peuple : Assez ! Retire maintenant ta main » (
2 Samuel 24.15‑16).

De mauvais esprits venant de l’Éternel, des anges de malheur, un ange faisant périr : c’est tout ce que l’Ancien Testament nous dit sur les « mauvais esprits ». Voilà plus qu’il n’en faut pour montrer les croyances du peuple de Dieu du temps de l’Ancien Testament.

Pour eux, les mauvais esprits ne signifiaient pas des esprits méchants. Ils n’y voyaient pas des esprits indépendants agissant à l’insu de Dieu. Pour les enfants d’Israël de ce temps-là, les mauvais esprits étaient des esprits justes, des esprits qui agissaient au commandement de Dieu, et qui accomplissaient Sa volonté — en fait, des anges saints, qui punissaient les pécheurs.

On les appelait « mauvais » esprits, simplement parce que les humains qui recevaient la punition la considéraient comme un malheur. Dans ces passages bibliques, comme dans beaucoup d’autres, le mot « mauvais » ne signifie pas « méchants » (bien que parfois il en ait le sens) ; il signifie « quelque chose de désagréable », ou « souffrance ». C’est le « mal » dans le sens employé par Job, quand il tombe malade ; il s’écrie : « Quoi ! nous recevons de Dieu le bien, et nous ne recevrions pas aussi le mal ! » (
Job 2.10).

On trouve beaucoup de références aux anges dans l’Ancien Testament, et dans chaque cas les anges sont décrits comme des créatures sous le contrôle de Dieu. Il n’existe aucune suggestion qu’il serait possible à un ange de désobéir à Dieu. L’éventualité d’une révolte au ciel semble éliminée par ces versets :

« L’Éternel a établi son trône dans les cieux, et son règne domine sur toutes choses. Bénissez l’Éternel, vous ses anges, qui êtes puissants en force, et qui exécutez ses ordres, en obéissant à la voix de sa parole » (Psaume 103.19‑20).

Une réponse claire

En conclusion, nous avons vu la réponse claire à cette question : quelles croyances Dieu attendait-Il de Sa nation ancienne d’Israël ? Ce sont les suivantes :

Dieu est tout-puissant. Il est Maître de l’univers qu’Il créa. Il n’y a pas d’autres dieux, il n’y a pas d’autres esprits, à part Ses propres anges, qui font toujours Sa volonté. Dieu est la source, à la fois, du bonheur et du malheur, de la joie et de la souffrance. Il ne tolère qu’un seul rebelle dans Son univers : l’homme, et cela seulement parce que certains hommes sont susceptibles d’être rachetés de leur déchéance.

Quant aux anges déchus, ou esprits rebelles, l’Ancien Testament n’en fait aucune mention.

 

 

4. LE DIABLE DANS LE NOUVEAU TESTAMENT

Dès qu’on passe de l’Ancien Testament au Nouveau, un gros problème se présente. Là Satan reçoit un deuxième nom, le diable, dont il est fait mention presque autant dans le premier livre du Nouveau Testament que dans l’ensemble des trente-neuf livres de l’Ancien. Au premier abord, le diable du Nouveau Testament paraît être un grand esprit monstrueux, et tous les mauvais esprits du Nouveau Testament paraissent accomplir les œuvres du diable — non pas celles de Dieu comme dans l’Ancien Testament.

Beaucoup d’incrédules et de Juifs en donnent une explication simple. Ils soutiennent que le Nouveau Testament contredit l’Ancien. Ils concèdent l’absence d’un diable surnaturel dans l’enseignement de l’Ancien Testament, mais ils prétendent que le Nouveau Testament enseigne le contraire.

Aucun croyant ne pourrait accepter cette explication. La Bible ne se contredit pas. Le Seigneur Jésus-Christ lui-même nous commande de croire à tout le contenu de l’Ancien Testament. (Voir Luc 24.25‑27 ; Jean 5.45‑47 ; Luc 16.31 ; Jean 10.35, Luc 16.17 ; Matthieu 5.18.)

Non, il est impossible que le Nouveau Testament puisse contredire l’Ancien. Il doit y avoir une meilleure explication. Essayons de la trouver.

La clé qui n’ouvre pas

Imaginons avoir accepté un nouvel emploi : celui de concierge d’un grand groupe de bureaux neufs. Le gérant nous a donné ce qu’il appelle un passe-partout, qui, affirme-t-il, ouvrira toutes les portes des bureaux.

Après son départ, nous décidons d’essayer ce passe-partout. La clé, engagée dans la première serrure, l’ouvre facilement. Il en est de même de la deuxième et de la suivante. La quatrième tentative est difficile, mais, avec un peu d’effort, nous arrivons à tourner la clé. Nous finissons par donner deux autres tours de clé, puis nous remettons la clé dans notre poche, satisfaits qu’elle est vraiment un passe-partout qui ouvrira tout.

Mais le lendemain nous déçoit. En essayant d’ouvrir une autre porte nous trouvons que rien ne peut faire tourner la clé. Nous décidons alors de faire le tour du bâtiment pour essayer toutes les portes.

Finalement, nous arrivons à la conclusion que nous nous sommes laissé convaincre trop facilement la veille. Cette clé ouvre beaucoup des serrures, mais pas toutes. Certaines ne s’ouvrent qu’une fois forcées, d’autres ne tournent pas du tout, même après de longs efforts. On ne nous a pas donné la bonne clé !

Naturellement, cette petite histoire est une parabole. Les « serrures » représentent tous les passages du Nouveau Testament où le diable, ou Satan, est mentionné. La clé qui parvient à en ouvrir plusieurs est la croyance en Satan, ange révolté contre Dieu, ange déchu, selon la description courante.

Mais il y a un nombre de « serrures » où cette clé ne s’engage pas du tout. En voici quelques-unes :

1. Un certain homme de l’église de Corinthe pratiquait l’inceste. Les membres de l’église avaient toléré cette immoralité, et Paul leur demanda d’agir. Il dit :

« Qu’un tel homme soit livré à Satan pour la destruction de la chair, afin que l’esprit soit sauvé au jour du Seigneur Jésus » (1 Corinthiens 5.5).

Considérons maintenant la « clé » de la « position ange déchu » dans ce cas. Paul dirait-il à l’église de livrer un membre pécheur à un ange déchu pour la destruction de la chair ? Et une telle action serait-elle capable de sauver ce pécheur « au jour du Seigneur Jésus « ? La théorie de l’ange rebelle ne cadre pas avec ce verset. Il nous faut une clé différente.

2. Paul, se référant à deux autres chrétiens qui avaient péché, écrivit :

« Ils ont fait naufrage par rapport à la foi. De ce nombre sont Hyménée et Alexandre, que j’ai livrés à Satan, afin qu’ils apprennent à ne pas blasphémer » (1 Timothée 1.19‑20).

Ces versets présentent deux problèmes majeurs pour ceux qui croient en un Satan, être surnaturel. D’abord, pourquoi Paul voudrait-il livrer ces chrétiens égarés à un esprit méchant ? Aimeriez-vous agir ainsi envers un membre de votre église, même s’il était pécheur ?

De plus, un ange déchu pourrait-il coopérer avec Paul pour enseigner à ces chrétiens à ne pas blasphémer ? Assurément, un esprit méchant essaierait d’induire les gens à blasphémer ; il ne les en guérirait pas ! Manifestement, la théorie de l’ange déchu ne convient pas non plus ici.

3. L’église de Pergame était persécutée. Le Seigneur Jésus lui envoya un message de réconfort, comprenant cette déclaration :

« Je sais où tu demeures, je sais que là est le trône de Satan » (Apocalypse 2.13).

Comment cela pourrait-il se faire, si Satan est un ange déchu ? Est­-ce qu’un monstre méchant était vraiment assis sur un trône, comme roi de la ville de Pergame ? Dans ce cas, comment une église chrétienne aurait-elle pu s’y établir ? Pourquoi les chrétiens ne s’éloignèrent-ils pas d’un tel centre d’iniquité ?

 

La clé qui ouvre vraiment

Ces trois passages ne sont pas les seuls où la théorie de Satan — grand esprit maléfique — ne convient pas. Nous allons en étudier d’autres. Mais d’abord, essayons de tourner l’autre « clé » dans ces trois « serrures », pour voir si l’on peut comprendre ces passages en considérant Satan comme une parabole de la méchanceté humaine.

Revenons au premier passage, 1 Corinthiens 5.5, où Paul demande « qu’un tel homme soit livré à Satan ». Un peu plus loin, au verset 13, Paul explique ce qu’il voulait dire : « Otez le méchant du milieu de vous ». La clé ouvre ! « Livrer à Satan » signifie excommunier, ou renvoyer le pécheur de l’église. On le retourne au monde d’où il vient — au royaume de l’iniquité, où « Satan » (c’est-à-dire la nature humaine pécheresse) règne suprême. Cette punition sévère était destinée à lui faire voir clair en lui-même, pour le pousser à la repentance, afin qu’il fût sauvé.

Cette clé explique aussi 1 Timothée 1.20, où Paul écrit avoir livré à Satan deux chrétiens pécheurs « afin qu’ils apprennent à ne pas blasphémer ». Manifestement, eux aussi avaient été renvoyés de l’église, car, à 2 Timothée 2.16‑17, Paul conseille à Timothée de les éviter. Il espérait sans doute que ces chrétiens renvoyés se repentiraient et apprendraient « à ne pas blasphémer ».

Quant à Apocalypse 2.13, où il est dit de la ville de Pergame : « là est le trône de Satan », ce verset prend du sens lorsque l’on se rend compte que Pergame était la capitale d’une province de l’Empire romain. A cette époque-là le Gouverneur romain persécutait les chrétiens, et en mettait quelques-uns à mort. Par ces actes atroces il se révéla pourri de méchanceté humaine, méritant ainsi le nom de « Satan » — « L’Ennemi ». Et le trône de ce gouverneur dangereux était en effet dans la ville de Pergame.

De même, un autre verset du livre de l’Apocalypse révèle ainsi son sens :

« Ne crains pas ce que tu vas souffrir. Voici, le diable jettera quelques-uns d’entre vous en prison, afin que vous soyez éprouvés » (Apocalypse 2.10).

Quel « diable » jeta les premiers Chrétiens en prison ? Un ange déchu ? Ou le mauvais gouvernement romain ? La réponse est évidente.

Un autre verset intéressant se comprend maintenant sans difficulté. Beaucoup de personnes qui croient à un diable surhumain l’imaginent se glissant silencieusement et invisiblement de par le monde. Pourtant, Pierre écrit :

« Votre adversaire, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant qui il dévorera. Résistez-lui avec une foi ferme, sachant que les mêmes souffrances sont imposées à vos frères dans le monde » (1 Pierre 5.8‑9).

Considérons la deuxième phrase de ce passage, tout particulièrement sa référence aux « souffrances ». Ne saute-t-il pas aux yeux que Pierre parle des gouverneurs cruels de l’Empire romain ? Ces hommes persécutaient sauvagement les chrétiens, et les jetaient aux lions. C’est sans doute pour cela que Pierre les compare à un lion rugissant. Entre parenthèses, Paul applique une expression similaire aux autorités romaines. Lorsqu’il en fut délivré, échappant ainsi à la mort, il s’écria : « J’ai été délivré de la gueule du lion » (2 Timothée 4.17).

On se rend compte, petit à petit, qu’il n’y a après tout aucune contradiction entre l’Ancien Testament et le Nouveau. Nous avons déjà examiné cinq passages du Nouveau Testament où l’idée d’un ange rebelle ne convient pas, tandis que l’enseignement de l’Ancien Testa­ment — que Satan est un nom pour la nature humaine pécheresse — les explique. Et nous sommes loin d’en avoir fini.

 

 

Encore plus de problèmes résolus

Notre nouvelle clé nous permet de résoudre beaucoup plus de problèmes. Par exemple, une fois le Seigneur Jésus-Christ appela Judas Iscariot « un démon » ; une autre fois il dit à Pierre : « Arrière de moi, Satan ! ». Il ne les accusa pas d’être possédés d’un démon ou de Satan : il dit qu’en fait Judas était un démon et, s’adressant à Pierre, il l’appela Satan (Jean 6.70‑71 ; Matthieu 16‑23). Que voulait dire le Seigneur ?

Les paroles de Jésus ne sont pas difficiles à comprendre, si l’on se rappelle l’opposition de ces deux disciples à ce moment-là. Judas avait déjà adopté une ligne de conduite qui allait l’amener à trahir son Maître, et Pierre essayait de persuader à Jésus de manquer à son devoir. Ainsi, ces deux hommes étaient en train de pécher quand Jésus les réprimanda. Tous deux méritaient d’être qualifiés de « péché humain » - c’est-à-dire de « Satan, diable ».

Un autre passage intéressant se rencontre dans le récit du chrétien infidèle, Ananias. Cet homme décida de frustrer l’église et de mentir à l’apôtre Pierre. Mais celui-ci, possédant le Saint-Esprit, sut dévoiler la fourberie d’Ananias. Il lui dit :

« Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu mentes au Saint-Esprit, et que tu aies retenu une partie du prix du champ ? … Comment as-tu pu mettre en ton cœur un pareil dessein ? » (Actes 5.3‑4).

Étudions de près les deux expressions en gras dans cette citation. La première déclare Satan responsable du péché d’Ananias, et la deuxième affirme qu’Ananias lui-même était responsable. Si Satan était vraiment un ange déchu, ces deux expressions se contrediraient.

Par contre, avec la bonne clé, nous ne rencontrons ni contradiction ni problème. Puisque Satan est un symbole de la méchanceté humaine, ces deux expressions sont simplement deux façons différentes de dire la même chose. Ananias s’opposait à Dieu : il se comportait en ennemi de Dieu ; il était « l’Ennemi », Satan.

 

 

5. COMMENT LE SEIGNEUR JÉSUS CONQUIT LE DIABLE

Jésus livra plusieurs batailles majeures à Satan, et il en sortit chaque fois vainqueur. Dans ce chapitre nous allons les considérer et découvrir la véritable identité de ce diable que Jésus conquit.

La Tentation dans le désert

« Jésus, le Fils de Dieu… a été tenté comme nous en toutes choses, sans commettre de péché » (Hébreux 4.14‑15).

Le sens de ce verset est tout à fait clair. A l’opposé de nous, Jésus conquit toujours la tentation. Il ne pécha jamais, pas une seule fois. Mais cela mis à part, sous tous les rapports ses tentations étaient exactement semblables aux nôtres.

Pourtant, le récit détaillé de ses terribles tentations dans le désert semble les décrire comme très différentes des nôtres. Du moins, elles auraient été très différentes des nôtres si le diable qui avait tenté Jésus était vraiment un ange déchu.

Lisons les onze premiers versets de Matthieu 4, et nous le verrons. Le diable plaça Jésus sur le haut du temple à Jérusalem et l’invita à se jeter en bas. « Le diable le transporta encore sur une montagne très élevée, lui montra tous les royaumes du monde et leur gloire, et lui dit : Je te donnerai toutes ces choses, si tu te prosternes et m’adores » (vv. 8‑9).

Ce récit est plein de difficultés pour ceux qui croient en un diable surnaturel. Le Fils de Dieu aurait-il accepté de se rendre sur le haut du temple ou d’une montagne en compagnie d’un ange déchu ? Aurait-il vraisemblablement admis la possibilité de se jeter du haut du temple parce qu’un monstre mauvais le lui aurait suggéré ? Et où trouve-t-on une montagne d’où l’on puisse voir « tous les royaumes du monde et leur gloire » ? De toute façon, un diable surnaturel aurait-il été assez stupide pour indiquer tous ces royaumes et dire : « Je te donnerai toutes ces choses » ? Jésus savait très bien que les royaumes du monde appartiennent à Dieu, et qu’aucun ange déchu ne pourrait en disposer. Par trois fois, l’un des chapitres de l’Ancien Testament répète que « Le Très-Haut domine sur le règne des hommes, qu’il… donne à qui il lui plaît » (
Daniel 4.17, 25, 32).

Mais une fois admis que le diable est notre nature humaine déchue, tous les problèmes disparaissent. Comme certains l’ont reconnu, le style du récit des tentations du Seigneur est imagé. Il décrit l’esprit de Jésus-Christ assailli par des luttes intérieures. Le récit relate en images le même genre de luttes intérieures dont les humains font l’expérience de jour en jour : une bataille avec le vrai Satan — nous-mêmes ! Seulement, pour le Seigneur Jésus, la bataille s’avéra plus intense.

Jésus venait de recevoir la puissance du Saint-Esprit, une puis­sance sans limite. Il savait qu’il pouvait maintenant tout faire. Il pouvait s’imaginer transformant des pierres en pains, sautant du haut du temple pour se retrouver à terre indemne, conquérant le monde entier s’il le désirait.

Avait-il le droit de faire ces choses-là ? « Le diable » — c’est-à-dire les instincts humains du Christ — lui suggérait leur côté merveilleux. Mais il savait qu’il devait se servir de la puissance reçue de Dieu pour le bien des autres, et non pour sa satisfaction personnelle. Aussi réprima-t-il ces tendances typiquement humaines en s’écriant : « Retire-toi, Satan ! »

Cela nous permet aussi de comprendre un autre passage qui a toujours déconcerté les lecteurs de la Bible qui croient en un Satan /ange déchu. A Marc 3.27, Jésus proclame avoir déjà « lié » Satan. Pourtant, il n’avait certainement pas « lié » un Satan surnaturel quelconque à ce moment-là. « Lier » le Satan de la nature humaine, à laquelle il participait, fut l’accomplissement de Jésus. Il le faisait de jour en jour, en conquérant chaque tentation qui se présentait à lui, vivant ainsi une vie sans péché.

 

 

Note de la rédaction: Plusieurs auteurs, y compris Harry Whittaker, ont suggéré que le récit de la tentation contenu dans l'évangile de Matthieu était simplement une parabole que Jésus aurait raconté à ses disciples au sujet de sa propre préparation aux véritables tentations de son ministère auprès du peuple juif. Le chapitre 6 de l’Évangile de Jean contient des arguments en faveur de cette interprétation ; dans ce chapitre, les trois tentations sont les suivantes: faire du pain, prendre le royaume par la force et faire des miracles, et cela vient pas d'un ange tentateur mais de la bouche du peuple. Déjà vu? Etant donné que le diable n'existait pas dans l'Ancien Testament si ce n'était sous forme de parabole, comment les disciples auraient-ils compris cet enseignement de leur maître Jésus, ce qui a été écrite plus tard dans Matthieu chapitre 4, quand ils l’ont entendu pour la première fois?

 

 

 

Comment Jésus anéantit le diable

Au moment de sa tentation, le Seigneur Jésus-Christ fut vainqueur du diable. Tout au long de sa vie mortelle, il garda le diable « lié ». Et par sa mort, il anéantit en fait le diable. Ce verset, écrit environ trente ans après sa mort, nous le déclare :

« Ainsi donc, puisque les enfants participent au sang et à la chair, il y a également participé lui-même, afin que, par la mort, il anéantît celui qui a la puissance de la mort, c’est-à­-dire le diable » (Hébreux 2.14).

Ce passage présente beaucoup de problèmes à ceux qui croient à un diable /ange déchu. Considérons d’abord la dernière partie du verset : le diable a la puissance de la mort. Mais nous avons déjà établi que personne, si ce n’est Dieu, ne peut faire mourir (Deutéronome 32.39). De plus, avant sa mort, Jésus affirma que personne ne ravirait les disciples de sa main (Jean 10.28).

Cela nous assure qu’aucune personne, si ce n’est Dieu Lui-même, n’a jamais eu la puissance de la mort. Il semblerait donc presque blasphématoire de suggérer qu’un méchant ange rebelle pût avoir la puissance de la mort. Pourtant, Hébreux 2.14 insiste que le diable avait cette puissance. Cela prouve indéniablement que le diable de ce verset ne pourrait pas être un diable surnaturel, ni même une personne quelle qu’elle soit.

Mais maintenant, essayons la clé qui a déjà expliqué tant de passages difficiles. Aucune personne, si ce n’est Dieu, ne possède la puissance de la mort. Mais une chose la possède : le péché humain. Voici les deux versets qui nous l’enseignent :

« Le salaire du péché, c’est la mort » (Romains 6.23).

« Le péché, étant consommé, produit la mort » (Jacques 1.15).

Voilà donc, sans aucun doute, le diable de Hébreux 2.14. Le diable qui avait la puissance de la mort, c’était le péché humain.

Reconsidérons maintenant la première partie du verset que nous étudions, Hébreux 2.14. Remarquons sa déclaration que, pour anéantir le diable, Jésus avait besoin de « participer » à notre nature humaine. Cette déclaration présente encore un problème insoluble à ceux qui croient en un diable surnaturel. Pourquoi le Christ devait-il être humain, si la chose qu’il voulait détruire était un esprit maléfique puissant ? Comment un être humain parviendrait-il à vaincre un tel monstre ?

Notons aussi l’affirmation de ce verset : Jésus mourut afin de détruire le diable. Mais que pourrait détruire un homme en mourant, si ce n’est sa propre nature humaine, ou le soi ?

Sachant maintenant que le diable est la nature humaine — qu’il est en fait cette chose tortueuse qu’on appelle le « soi », ou l’égoïsme — tout devient clair. Évidemment, Jésus eut à participer à notre nature humaine : autrement il n’aurait pas eu de « diable » à anéantir ; il dut mourir, ou il n’aurait jamais anéanti complètement le « soi ».

Avec la bonne clé en main, tout dans ce verset s’accorde et prend du sens. Le soi, le diable / nature humaine, est trop résistant pour chacun de nous ; il a sur nous la puissance de la mort ; il nous détruit. Mais le Seigneur Jésus-Christ fut le seul et unique être humain à conquérir chaque tentation que sa nature humaine lui faisait affronter. Et il continua à vaincre, jusqu’à son dernier souffle.

La nuit précédant sa mort, il admit à son Père que sa nature humaine appréhendait la mort sur la croix. Mais il était décidé à obéir à son Père, plutôt qu’à ses propres tendances humaines. Il pria :

« Toutefois, que ma volonté ne se fasse pas, mais la tienne » (Luc 22.42).

S’il avait accompli sa propre volonté pour éviter la croix, le diable de la nature humaine l’aurait détruit. Mais il n’en fit rien. Au lieu de cela, il accomplit la volonté de son Père. Il s’achemina avec courage vers l’agonie de sa mort. C’est ainsi qu’il anéantit le diable.

 

Ce que nous avons appris

Avant de continuer, résumons-nous. Récapitulons les chapitres précédents et leurs conclusions.

Le chapitre 1 établit une différence entre les deux interprétations du diable. Beaucoup y ont vu un ange déchu ; d’autres ont cru que le diable est une façon biblique de décrire la méchanceté humaine.

Au chapitre 2, nous avons rédigé la liste de toutes les références à Satan dans l’Ancien Testament. (Le mot « diable » ne se trouve nulle part dans l’Ancien Testament.) Manifestement, le Satan de l’Ancien Testament ressemble plus à un diable / nature humaine qu’à un diable surnaturel.

Au chapitre 3, nous avons rapporté un témoignage historique des croyances des anciens Juifs. Ils voyaient en Satan ce qu’on peut appeler une parabole du péché humain. Ensuite, nous avons montré comment l’autre interprétation de Satan se développa parmi les anciens Perses. Puis nous avons fait mention de passages rendant impossible la croyance en un ange déchu : ces citations montrent clairement que Dieu et Ses anges qui exécutent Ses ordres sont les seuls esprits dans l’univers tout entier.

Aux chapitres 4 et 5, nous avons considéré plusieurs passages du Nouveau Testament qui mentionnent le diable ou Satan. Clairement, chacun d’eux est très difficile à comprendre pour ceux qui croient en un diable surnaturel. Mais tout devient parfaitement compréhensible si l’on s’attache à la doctrine de l’Ancien Testament : Satan est la méchanceté humaine.

La place nous manque pour nous arrêter à chaque mention du diable dans le Nouveau Testament. Avec la bonne clé, il nous est facile de le faire, et nous verrons par nous-mêmes qu’elles cadrent bien avec la doctrine du diable/nature humaine.

Les deux seuls passages qui pourraient présenter une certaine difficulté sont Luc 10.18 et Apocalypse 12.1‑10. Ils sont étudiés dans l’Appendice à la fin de ce livret. (On y trouve aussi quatre autres passages difficiles qui ont un lien avec notre sujet, bien qu’ils ne mentionnent pas le nom du diable ou de Satan.)

Il nous faut maintenant étudier une des questions les plus difficiles de la Bible entière. C’est le problème de ces malheureux dont nous parlent les Évangiles, ceux que l’on disait « possédés d’un esprit impur », ou « possédés d’un démon ».

 

 

6. LE PROBLÈME DES DÉMONIAQUES

Nous admettons que dans le Nouveau Testament les références aux démons ne sont pas faciles à comprendre. Cependant, soyons objectifs : le problème ne se limite pas seulement à ceux qui croient au diable / nature humaine, mais reste tout aussi réel pour ceux qui croient en un diable surnaturel.

Les trois premiers Évangiles décrivent un nombre d’incidents dont celui-ci est typique :

« Et voici, du milieu de la foule un homme s’écria : Maître, je t’en prie, porte les regards sur mon fils, car c’est mon fils unique. Un esprit le saisit, et aussitôt il pousse des cris ; et l’esprit l’agite avec violence, le fait écumer, et a de la peine à se retirer de lui, après l’avoir tout brisé… Jésus répondit… Amène ici ton fils. Comme il approchait, le démon le jeta par terre, et l’agita avec violence. Mais Jésus menaça l’esprit impur, guérit l’enfant, et le rendit à son père » (Luc 9.38‑42).

Il s’agit de la guérison d’un petit garçon très malade. Le récit de Matthieu, relatant ce même événement (17.14‑18), décrit la maladie que l’on appelle épilepsie. Tous les autres cas de possessions de démons dans le Nouveau Testament se rapportent à des gens ou épileptiques, fous, sourds, muets, aveugles, ou bien paralysés. Les maladies mortelles comme la lèpre et la fièvre n’étaient jamais attribuées à la possession démoniaque, selon la Bible.

Supposant que Dieu eût l’intention de nous faire accepter ces récits de possession démoniaque tels qu’ils nous sont présentés, nous avons alors à résoudre trois questions extrêmement difficiles.

Premièrement, allons-nous supposer que la science médicale moderne ait prouvé le manque de véracité de la Bible ? Du temps du Christ, la plupart des gens (mais non pas tous) croyaient que la posses­sion démoniaque causait certaines maladies. Cette croyance s’appliquait tout spécialement à l’épilepsie, que l’on appelait autrefois « la maladie sacrée ».

Mais de nos jours les médecins savent qu’il n’en est rien, ils connaissent la cause véritable de ces maladies et ils savent comment les soigner. Tous les ans, les médecins traitent avec succès, par des médicaments, des milliers de cas d’épilepsie. Par contre, ce que les gens appellent « exorciser » — essayer de guérir les maladies en chassant les démons — ne provoque que de la dérision dans les milieux médicaux. Les médecins savent que dans les cas très, très rares où l’exorcisme semble donner des résultats, l’esprit l’emporte sur la matière.

En conséquence, presque tous les médecins sont convaincus que les peuples primitifs des temps anciens se trompaient. Beaucoup de Grecs de l’antiquité croyaient à la possession démoniaque, mais de nos jours nous savons qu’ils se trompaient : cela n’existe pas. Faudrait-il croire que les auteurs inspirés du Nouveau Testament firent la même erreur ? Sûrement pas !

La deuxième question nous laisse tout autant perplexes. Le dictionnaire indique que « démon » était un mot dont se servaient les Grecs pour désigner beaucoup des faux dieux qu’ils adoraient. L’apôtre Paul, comme tous les autres auteurs du Nouveau Testament, écrivit en grec, et dans les deux versets suivants il emploie deux fois le mot « démon » pour parler d’un dieu païen :

« Que dis-je donc ? Que la viande sacrifiée aux idoles est quelque chose, ou qu’une idole est quelque chose ? Nullement. Je dis que ce qu’on sacrifie, on le sacrifie à des démons, et non à Dieu ; or, je ne veux pas que vous soyez en communion avec les démons » (1 Corinthiens 10.19‑20).

Si les cas de possession démoniaque décrits dans les Évangiles étaient réels, il semblerait alors que les démons fussent réels, jusqu’à ce que nous nous arrêtions pour réfléchir à ce que cela impliquerait. Comme nous l’avons déjà vu, en grec, la langue du Nouveau Testament, le mot « démon » signifie en fait « un dieu ». Si donc — et remarquons combien importe ce « si » — si les premiers chrétiens parlant le grec acceptaient l’existence des démons, cela laisserait aussi supposer qu’ils voyaient de vrais dieux dans les faux dieux.

Un troisième éclaircissement s’impose : Dieu Lui-même revendique la responsabilité pour la surdité, le mutisme et la cécité — affections toutes apparemment attribuées dans le Nouveau Testament aux démons. Il dit à Moïse :

« Qui a fait la bouche de l’homme ? et qui rend muet ou sourd, voyant ou aveugle ? N’est-ce pas moi, l’Éternel ? » (Exode 4.11).

Il est difficile de croire que Dieu l’aurait dit, si c’étaient les démons qui rendaient les hommes muets, sourds ou aveugles.

Pour ces trois raisons grand nombre de chrétiens, acceptant l’inspiration de la Bible, refusent de croire que Dieu nous demande de prendre littéralement les récits de possession démoniaque du Nouveau Testament. Même ceux qui croient en un diable surnaturel sont souvent de la même opinion. Comme le font les Christadelphes, ils estiment qu’il doit exister une meilleure explication des références aux démons et esprits impurs dans le Nouveau Testament.

 

 

A la recherche d’une explication plus satisfaisante

Une conclusion ressort clairement : la croyance en la possession démoniaque n’était pas l’apanage de tout le monde dans les pays de langue grecque.

Le médecin le plus célèbre qui ait jamais vécu s’appelait Hippocrate, un Grec. Il exerça au Ve siècle av. J‑C, mais même après 2 400 ans nos médecins modernes lui témoignent toujours un très grand respect. Certains de ses livres ont été conservés. L’un de ceux-ci concerne le traitement de l’épilepsie : il y déclare que la croyance populaire en la possession démoniaque est fausse. L’épilepsie devait recevoir un traitement médical, comme toute autre maladie, écrivit Hippocrate.

Durant les 600 ans qui suivirent, jusqu’au IIe siècle après Jésus-­Christ, on enseigna cela à tous les médecins grecs les mieux instruits. Une partie de son enseignement a dû être connue, probablement, des gens du peuple, bien qu’il soit impossible de savoir combien d’entre eux l’acceptèrent, puisque ni l’histoire ni la Bible ne nous en parlent.

Par contre, la Bible met en évidence comment les chefs religieux juifs, appelés Pharisiens, croyaient à la fois au diable surnaturel et à la possession de démons. Matthieu 12.27 montre qu’ils pratiquaient même l’exorcisme. Mais cela ne prouve pas l’existence de démons. Loin de là. Les Pharisiens faisaient souvent erreur, et, finalement, ils contribuèrent à la crucifixion du Seigneur Jésus-Christ. Ce dernier leur dit une fois : « Vous annulez ainsi la parole de Dieu au profit de votre tradition » (Matthieu 15.6).

La croyance des Pharisiens aux démons aide peut-être à expliquer pourquoi il y a tant de références dans les Évangiles à la possession de démons. Toutefois rappelons-nous toujours que beaucoup des croyances des Pharisiens étaient erronées.

Il serait extrêmement intéressant de connaître les croyances des auteurs du Nouveau Testament au sujet des démons. Malheureusement, ils n’ont pas jugé nécessaire de nous le faire savoir. Ils se contentent d’y faire allusion, en nous laissant tirer nos propres conclusions. Voyons donc ce que nous pouvons conclure des allusions qu’ils y ont faites.

 

 

Considération attentive des Évangiles

Étudiés avec soin, les versets suivants de l’Évangile de Matthieu sont très utiles pour nous instruire sur la possession démoniaque :

« Le soir, on amena auprès de Jésus plusieurs démoniaques. Il chassa les esprits par sa parole, et il guérit tous les malades, afin que s’accomplisse ce qui avait été annoncé par Ésaïe, le prophète : Il a pris nos infirmités, et il s’est chargé de nos maladies » (Matthieu 8.16‑17).

Ces versets cités par Matthieu sont tirés d’Ésaïe 53. La prophétie de l’Ancien Testament et son accomplissement en Jésus-Christ se divisent tous deux en deux parties :

LA PROPHÉTIE (Ésaïe, citée par Matthieu) :

1. Il prendrait nos infirmités
2. Il porterait nos maladies

SON ACCOMPLISSEMENT (rapporté par Matthieu) :

1. Il chassa les démons ou esprits
2. Il guérit les malades.

De toute évidence, Matthieu considérait les paroles d’Ésaïe comme se référant à deux types de maladie : 1. les infirmités, 2. les maladies. Matthieu, lui, les décrit ainsi : 1. possession démoniaque, 2. maladies.

Ce que Matthieu appelle « possession de démons », Ésaïe appelle « infirmités ». De plus, Matthieu lui-même souligne que les paroles d’Ésaïe et ses propres paroles décrivent le même événement. Il semble certain que, pour Matthieu, l’expression « possession de démons » représentait simplement sa façon de décrire un type de maladie.

Considérons maintenant ce passage tiré d’un autre Évangile :

« Aussitôt que Jésus fut hors de la barque, il vint au-devant de lui un homme, sortant des sépulcres, et possédé d’un esprit impur… Jésus lui disait : Sors de cet homme, esprit impur !… Et les esprits impurs sortirent, entrèrent dans les pourceaux, et le troupeau se précipita des pentes escarpées dans la mer : il y en avait environ deux mille, et ils se noyèrent dans la mer » (Marc 5.2‑13).

Notons les mots en gras. Marc commence par dire que l’homme était possédé d’un esprit. Jésus le pensait aussi : il commanda à un esprit de sortir de l’homme. Mais en fait, comme on l’apprend à la fin du récit, l’homme avait été possédé par un grand nombre d’esprits.

Lorsqu’on essaie de comprendre ce récit littéralement, on finit par s’embrouiller. Ou bien il y avait un esprit, comme l’affirme Marc au début et comme le Seigneur Jésus le dit aussi, ou bien il y avait un grand nombre d’esprits, comme l’explique Marc à la fin. Comment expliquer cette contradiction, si l’on prend les esprits en question pour des êtres réels ? C’est évidemment impossible.

Par contre, si Marc se sert de l’expression « possédé d’un esprit impur » simplement comme d’une autre façon de dire « malade », il n’y a ni contradiction, ni problème. Dans ce cas, possédé « d’une légion de démons » (v.16) (ou d’un grand nombre d’esprits) veut dire tout simplement « très, très malade ».

Peut-être penserez-vous qu’en trouvant une solution à un problème, on en soulève un autre, encore plus compliqué. Vous paraît-il difficile de croire que les auteurs des Évangiles pouvaient parler de possession de démons, s’ils ne croyaient pas vraiment à ces démons ?

Si ce sont là vos sentiments, considérez ceci : nous nous servons de mots seulement pour exprimer des idées ; ce sont les idées qui importent, et non les mots en eux-mêmes. Il nous arrive souvent d’employer des mots qui ne sont pas les mots justes, mais cela ne fait rien tant que nous faisons part à l’autre personne de l’idée que nous voulons exprimer.

Pour illustrer cela, dans cette même étude, au paragraphe « Qui fut Lucifer ? », nous avons décrit Vénus comme « l’étoile du matin ». Dans une revue scientifique, l’emploi du mot « étoile » aurait représenté une gaffe. Vénus n’est pas une étoile, mais une planète, ce qui est tout à fait différent. Cela n’a aucune importance dans notre étude : le sens ressort clairement, en dépit du manque d’exactitude du mot.

Donnons un autre exemple : de nos jours, les inondations ou ouragans peuvent être décrits comme catastrophes naturelles par les uns, ou « Actes de Dieu » par certains hommes de loi. Cela ne revient pas à dire que tous les hommes de loi croient en Dieu ! Ils se servent simplement d’une expression que tout le monde comprend, même si elle ne représente pas entièrement leur pensée.

De la même façon, beaucoup de Juifs parlaient probablement de possession de démons sans croire réellement à l’existence de ces démons. Se référer aux démons faisait partie d’un langage imagé, pour faire une description vivante de certains genres de maladies particulièrement désagréables. Tous les Juifs aimaient se servir de paraboles, et cette façon de décrire ces maladies leur aurait paru beaucoup plus naturelle qu’elle ne nous le paraît à nous.

 

 

Deux façons de s’exprimer

Pour confirmer notre thèse, considérons le récit d’un miracle :

« Un homme vint se jeter à genoux devant Jésus, et dit : Seigneur, aie pitié de mon fils, qui est lunatique et qui souffre cruellement ; il tombe souvent dans le feu, et souvent dans l’eau. Je l’ai amené à tes disciples, et ils n’ont pas pu le guérir » (Matthieu 17.14‑16).

La description claire de Matthieu ne laisse aucun doute : le jeune garçon était malade et devait être guéri. Mais ensuite Matthieu ajoute :

« Jésus parla sévèrement au démon, qui sortit de lui, et l’enfant fut guéri à l’heure même » (v.18).

La conclusion paraît inattendue : le simple récit d’une maladie finit en récit de possession démoniaque.

Comment comprendre ce que Matthieu a apparemment confondu ? Il ne peut y avoir qu’une explication raisonnable. Matthieu savait que des maladies mystérieuses (telles que l’épilepsie dont souffrait l’enfant) et « la possession de démons » ne faisaient réellement qu’un. Il trouva donc tout naturel d’employer avec le même sens les deux formes d’expression.

Matthieu fait de même dans un autre chapitre :

« Alors on lui amena un démoniaque aveugle et muet, et il le guérit » (Matthieu 12.22).

Ainsi le fait Luc :

« A l’heure même, Jésus guérit plusieurs personnes de maladies, d’infirmités et d’esprits malins… » (Luc 7.21).

On parle habituellement de « chasser les démons et les esprits malins », alors qu’on parle de « guérir les maladies ». Mais dans les versets que nous venons de citer, les deux idées séparées sont interchangeables. Matthieu nous décrit un démoniaque qui fut guéri, et Luc parle de plusieurs personnes guéries d’esprits malins. Une fois de plus, les auteurs des Évangiles nous mettent sur la bonne voie pour comprendre ce qu’avaient dû être leurs véritables croyances. Pour eux, évidemment, la possession démoniaque ne représentait qu’un autre terme pour la maladie.

 

 

Pourquoi en fut-il ainsi ?

Une dernière question subsiste : pourquoi Jésus et ses disciples ont-ils décrit les maladies d’une façon si étrange, alors qu’il aurait été bien plus simple de les appeler maladies ?

Malheureusement, il est impossible de répondre à cette question sans faire des conjectures. Nous ne savons pas pourquoi, parce que Dieu n’a pas jugé bon de nous le dire.

D’ailleurs, le Seigneur Jésus a fait beaucoup de choses que nous ne pouvons expliquer. Un jour, alors qu’il eut besoin d’une certaine somme d’argent, il dit à Pierre :

« Va à la mer, jette l’hameçon, et tire le premier poisson qui viendra ; ouvre-lui la bouche, et tu trouveras un statère. Prends-le » (Matthieu 17.27).

Pourquoi Jésus choisit-il une façon si extraordinaire d’obtenir de l’argent ? Nous l’ignorons.
Quand il calma le tourbillon de vent sur le lac, il lui parla :

« Il menaça le vent, et dit à la mer : Silence ! Tais-toi ! » (Marc 4.39).

Pareillement, quand il guérit une femme d’une maladie grave,

« il menaça la fièvre, et la fièvre la quitta » (Luc 4.39).

Comment expliquer pourquoi Jésus décida de parler au vent, au lac et à la fièvre ? Étaient-ils vivants et capables de comprendre ce qu’il disait ? Évidemment non ! Il nous est impossible de savoir pourquoi Jésus choisit de parler ainsi au vent, à la mer, à la fièvre. Mais, quelle qu’en soit la raison, nous sommes sûrs que ce ne pouvait être parce que le vent, l’eau et la fièvre étaient des êtres vivants.

Cela s’applique aussi à la possession démoniaque. Nous ne savons pas pourquoi Jésus et ses disciples s’exprimaient quelquefois comme si les démons existaient. Mais, quelle qu’en soit la raison, nous pouvons être assurés que ce n’était pas parce que les démons étaient des êtres vivants.

Comme nous l’avons vu, la Bible fournit quantité de preuves qu’il n’y a pas d’anges déchus, ni d’esprits malins en révolte contre Dieu. Rien ne peut changer ces faits, bien que nous ne puissions comprendre la raison de l’emploi du terme « démon » dans le Nouveau Testament.

 

7. D’OÙ VIENT VRAIMENT LE PÉCHÉ ?

Jusqu’ici le message de cette brochure est resté plutôt négatif. Nous n’avons pu l’éviter. Puisque tant de gens croient que le diable est un ange déchu, nous avons de nécessité dû commencer par montrer que ce n’est pas là l’enseignement de la Bible.

Ce chapitre sera plus positif. Il nous incombe maintenant de montrer ce que la Bible enseigne véritablement sur l’origine du péché. En d’autres termes, les chapitres précédents ont démontré ce que le diable n’est pas ; ce chapitre va montrer ce que le diable est, véritablement.

En termes clairs

Comme nous l’avons vu, les auteurs de la Bible ont souvent présenté Satan comme une parabole du péché humain. Mais ils ne parlent pas qu’en paraboles. Parfois ils s’expriment en termes très clairs sur la source du péché. En voici quatre exemples :

« Le cœur (c’est-à-dire la nature humaine, comme nous le disons de nos jours) est tortueux par-dessus tout, et il est méchant : qui peut le connaître ? » (Jérémie 17.9).

« Car c’est du cœur que viennent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, les débauches, les vols, les faux témoignages, les calomnies. Voilà les choses qui souillent l’homme » (Matthieu 15.19‑20).

« Que personne, lorsqu’il est tenté, ne dise : C’est Dieu qui me tente. Car Dieu ne peut être tenté par le mal, et il ne tente lui-même personne. Mais chacun est tenté quand il est attiré et amorcé par sa propre convoitise. Puis la convoitise, lorsqu’elle a conçu, enfante le péché » (Jacques 1.13‑15).

« D’où viennent les luttes, et d’où viennent les querelles parmi vous ? N’est-ce pas de vos passions qui combattent dans vos membres ? Vous convoitez, et vous ne possédez pas » (Jacques 4.1‑2).

Le message de ces quatre citations bibliques n’est que trop évident. Dieu nous dit, en fait : N’accusez personne d’autre quand vous commettez un péché. N’accusez pas un diable surnaturel, ni quelqu’un d’autre. Prenez-­vous-en à vous-même. Voilà d’où vient la tentation, le péché : du plus profond de votre cœur.

 

 

L’enseignement de Paul aux Romains

S’il vous reste des doutes, lisez d’un trait dans votre Bible les huit premiers chapitres de l’Épître de Paul aux Romains. Ils nous font un exposé extraordinaire de la vérité sur le péché et la mort, le salut et la vie éternelle. On y trouve sur ces points les explications les plus détaillées de toute la Bible. Pourtant, tout au long de ces huit chapitres, il n’y a aucune mention du diable ou de Satan.

Cela étonne ceux qui croient en un diable surnaturel. Si un ange déchu était la vraie cause du péché humain, comment Paul pourrait-il donner une explication si détaillée du péché et de son origine, sans même faire allusion à cet esprit impur ?

Ils ne peuvent répondre à cette question. A celui qui garde l’esprit ouvert en lisant l’Épître aux Romains, une conclusion s’impose : Paul ne croyait pas qu’un ange déchu fût responsable du péché de la race humaine.

Au Chapitre 1, il décrit la méchanceté de l’humanité, mais il n’en fait pas retomber la responsabilité sur quelque être satanique : il l’attribue au verset 24 aux « convoitises de leurs cœurs » (les cœurs des hommes). De même, au Chapitre 2, il dit à ses lecteurs que leur péché vient de leur « endurcissement » et de leur « cœur impénitent » (v. 5).

Au Chapitre 3, il s’en prend à « notre injustice » (v. 5). Il montre clairement que nous n’avons aucune excuse (v. 19). Nous ne pouvons nous en prendre qu’à nous-mêmes.

Le Chapitre 5 va le plus droit au but. Il explique comment le péché et la mort entrèrent dans le monde. Ce ne fut pas par un esprit impur, mais :

« Par un seul homme (Adam) le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et qu’ainsi la mort s’est étendue sur tous les hommes, parce que tous ont péché » (v. 12).

Au Chapitre 6, Paul explique qu’un chrétien doit se considérer comme « esclave de la justice » (v. 18). Avant de devenir de vrais chrétiens, nous sommes esclaves d’un autre maître. Qui est cet autre maître ? Si Paul avait cru en un diable surnaturel, il aurait sûrement dit : « Vous étiez autrefois esclaves du diable ». Mais il ne dit rien de tel. Citons ses paroles :

« Que le péché ne règne donc point dans votre corps mortel… Ne livrez pas vos membres au péché… Vous êtes esclaves de celui à qui vous obéissez, soit du péché qui conduit à la mort, soit de l’obéissance qui conduit à la justice… Vous étiez esclaves du péché… Mais maintenant, étant affranchis du péché et devenus esclaves de Dieu… » (vv. 12‑13, 16, 20, 22).

Le péché : clairement la méchanceté humaine. Voilà notre ennemi véritable, et, à moins de suivre le Seigneur Jésus, on est esclave du mal.

Donc, il n’y a aucun besoin de chercher hors de soi-même un esprit malin ennemi imaginaire. Cherchons en notre for intérieur, car c’est là que se trouve le véritable ennemi. C’est là aussi l’enseignement de Paul aux Chapitres 7 et 8 :

« Car je prends plaisir à la loi de Dieu, selon l’homme intérieur ; mais je vois dans mes membres (un autre terme pour sa propre nature humaine) une autre loi qui lutte contre la loi de mon entendement, et qui me rend captif de la loi du péché qui est dans mes membres » (Romains 7.22‑23).

« Si vous vivez selon la chair (encore un autre terme pour la nature humaine pécheresse), vous mourrez ; mais si par l’Esprit vous faites mourir les actions du corps, vous vivrez » (Romains 8.13).

 

 

Pourquoi la Bible est-elle difficile à comprendre ?

Cela présente un grand problème pour beaucoup de gens. Dieu veut que la Bible soit comprise par tous. Pourquoi alors ne la présente-t-Il pas clairement pour que ceux qui la lisent en arrivent tous aux mêmes conclusions ? Pourquoi certains passages mentionnent-ils Satan de telle façon que beaucoup de gens, sincèrement mais erronément, voient en Satan un ange déchu ?

Avant d’entreprendre de répondre à cette question, il faut mettre une chose au point. Ce genre de problème s’attache aussi à d’autres doctrines que celle du diable.

Beaucoup de gens se méprennent sur un nombre d’enseignements bibliques importants. Certains d’entre eux, qui s’accrochent avec le plus d’acharnement à l’idée d’un diable surnaturel — par exemple la secte des « Témoins de Jéhovah » — sont prompts à faire remarquer que beaucoup de lecteurs de la Bible ne comprennent pas ce que la Bible enseigne véritablement sur l’âme humaine. Beaucoup de gens croient que l’âme est immortelle — bien que la Bible enseigne le contraire.

Les disciples de Jésus se souciaient d’un problème pareil. « Pourquoi leur parles-tu en paraboles ? » demandèrent-ils à leur Maître. Il répondit :

« Parce qu’il vous a été donné de connaître les mystères du royaume des cieux, et que cela ne leur a pas été donné. Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas on ôtera même ce qu’il a. C’est pourquoi je leur parle en paraboles, parce qu’en voyant ils ne voient point, et qu’en entendant ils n’entendent ni ne comprennent… Mais heureux sont vos yeux, parce qu’ils voient, et vos oreilles parce qu’elles entendent ! » (Matthieu 13.10‑16).

Qui le désirait pouvait devenir disciple ; mais le devenant, il fallait travailler dur. Les disciples restaient avec Jésus longtemps après que la foule était rentrée souper. Ils trouvaient son enseignement difficile à comprendre. Mais ils continuèrent à étudier avec le Maître, et finalement ils arrivèrent à voir ce qu’il voulait vraiment leur dire. Selon son expression, ils développèrent des yeux qui voient et des oreilles qui entendent.

Les foules n’étaient pas si diligentes. Elles venaient quand elles en avaient envie, écoutaient un peu, puis s’éloignaient. En conséquence, elles manquèrent totalement de comprendre l’enseignement du Seigneur. Selon son expression, « en voyant ils ne voient point, et… en entendant ils n’entendent ni ne comprennent ».

Cela n’a pas beaucoup changé. Pour comprendre la Bible, il faut travailler dur. Mais cela en vaut la peine. C’est pour cette raison que chaque membre fidèle des Christadelphes, qui publient ce livret, essaie de lire tous les jours au moins un ou deux chapitres de la Bible.

Lorsqu’on ne lit la Bible que de temps en temps — par exemple le dimanche à l’église — on ne peut pas s’attendre à bien la comprendre.

 

Le langage biblique

Les hommes inspirés par Dieu à écrire la Bible étaient presque tous Hébreux, (ou comme nous le dirions de nos jours, Juifs). La plupart d’entre eux écrivaient en langue hébraïque, et même les autres pensaient à la manière des Hébreux. Même après sa traduction dans notre langue, on peut toujours reconnaître dans la Bible la manière de parler hébraïque.

Les Hébreux aimaient les paraboles. Sous une forme ou une autre, le langage des paraboles se retrouve dans presque toutes les pages de la Bible. A moins d’en prendre conscience, on risque d’être induit en erreur.

Par exemple, Jésus dit : « Nul ne peut servir deux maîtres… Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon » (Matthieu 6.24). On pourrait s’imaginer que Mammon était le nom d’une idole païenne, que certains hommes adoraient au lieu d’adorer Dieu. Dans ce cas, on ferait erreur : « Mammon » était simplement un mot hébreu qui signifiait « la richesse ».

Dans ces quelques mots, Jésus nous donna une sorte de parabole. C’est comme s’il avait dit : « La richesse est l’idole de beaucoup de gens. Au lieu d’adorer mon Père, ils adorent le grand dieu Richesse. Qu’ils prennent garde ! ». Les Hébreux qui l’écoutaient ne couraient aucun risque de croire en l’existence d’un esprit malin appelé Mammon, bien que les lecteurs modernes puissent facilement s’y méprendre, s’ils n’y prêtent attention.

Certaines paraboles se retrouvent à travers la Bible tout entière, d’un livre à l’autre. L’une d’elles est la parabole de Dieu et Sa femme. La nation d’Israël (dans l’Ancien Testament) ou l’église chrétienne (dans le Nouveau Testament) y est comparée à une femme dont le mari est Dieu ou le Christ.

Donc, la parabole que nous avons étudiée dans ce livret n’est pas unique. La Parabole de Dieu et Son Ennemi (Satan, ou la nature humaine mauvaise) se rencontre dans à peu près le même nombre de livres de la Bible, et est mentionnée à peu près autant de fois, que la Parabole de Dieu et Sa Femme.

Le lecteur attentif de la Bible ne prendra littéralement aucune de ces paraboles. Il ne s’imaginera pas que « l’épouse » de Dieu soit une femme, bien qu’il lui soit donné un nom féminin, comme « 0hola » ou « Hephtsiba » . Il ne supposera pas que « l’ennemi » de Dieu est un ange déchu, bien qu’il reçoive le vilain nom de « Satan » . Et puisque toutes les paraboles ont pour but de nous enseigner quelque chose, il recherchera la leçon importante de cette parabole capitale de Dieu et Son Ennemi.

 

 

Tourner le mal en bien

Pour faire le premier pas qui nous mène à apprendre cette leçon, notons que Dieu a une façon remarquable de tourner en bien le désastre humain.

Jésus-Christ était le Roi des Juifs ; mais ils ne le reconnurent pas comme tel. Les Juifs assassinèrent leur Roi. Fut-ce une tragédie ou une bonne chose ? Ce fut les deux à la fois. Tout meurtre est un événement terrible, mais ce meurtre fut différent de toute autre tragédie. Dieu s’en servit pour fournir un sacrifice pour les péchés du monde.

De manière à peu près semblable, Dieu peut même se servir d’un énoncé faux comme fondement d’un énoncé juste ! Si cela vous semble difficile à croire, considérez l’histoire que Jésus raconta, celle qu’on appelle la Parabole des Mines (Luc 19.12‑27).

Dans cette parabole, un personnage de haute naissance (Jésus) donna une pièce d’or (appelée une « mine ») à chacun de ses dix serviteurs, leur disant de les faire valoir pendant son absence. Certains la firent valoir, mais un serviteur paresseux ne fit rien.

Il donna comme excuse : « Seigneur, voici ta mine, que j’ai gardée dans un linge ; car j’avais peur de toi, parce que tu es un homme sévère ; tu prends ce que tu n’as pas déposé, et tu moissonnes ce que tu n’as pas semé » (Luc 19.20‑21). Par cette réponse, le serviteur paresseux calomnia son maître. Le Seigneur Jésus n’est pas « un homme sévère », il ne prend pas ce qu’il n’a pas déposé, il ne moissonne pas ce qu’il n’a pas semé.

Mais le Seigneur ne repoussa pas la calomnie. « Il lui dit : Je te juge sur tes paroles, méchant serviteur ; tu savais que je suis un homme sévère, prenant ce que je n’ai pas déposé, et moissonnant ce que je n’ai pas semé ; pourquoi donc n’as-tu pas mis mon argent dans une banque, afin qu’à mon retour je le retire avec un intérêt ? » (Luc 19.22‑23).

On peut beaucoup apprendre de la réponse du Seigneur. Sa phrase d’introduction, « Je te juge sur tes paroles », est très significative. Cela revient à dire : « J’accepterai ce que tu dis (bien que cela ne soit pas vrai), et je m’en servirai pour montrer ta mauvaise conduite ».

Le Seigneur se sert plusieurs fois du même principe au cours de ses entretiens avec ses interlocuteurs. Cela s’applique tout particulièrement à la doctrine du diable dans le Nouveau Testament.

Les Pharisiens avaient pris le nom de Satan dans l’Ancien Testament, et l’avaient corrompu en l’appliquant à la doctrine païenne d’un diable — dieu du mal. Jésus ne corrige pas leur erreur. Bien que les Pharisiens se soient servis du mot « diable » pour l’intégrer à leur faux enseignement, Jésus peut faire bon usage de ce mot dans son propre enseignement. Il est clair, pourtant, qu’il l’emploie différemment.

En choisissant le mot des Pharisiens, « diable », et en s’en servant comme parabole du péché humain, tout comme l’Ancien Testament l’avait fait avec le mot « Satan », Jésus rend plus saisissant son propre enseignement, C’est un autre exemple de la méthode qu’il avait employée dans la Parabole des Mines — « Je te juge sur tes paroles ».

Une leçon difficile à apprendre

De nos jours, son enseignement habile peut nous aider, si nous le lui permettons. La description biblique du diable est horrible. A la première lecture, cette créature mauvaise appelée Satan nous révolte. Puis, si on lit la Bible attentivement, l’esprit s’illumine. On se dit : « Cette description épouvantable est une parabole de la nature humaine : voilà donc ce que je suis, moi, intérieurement ! »

Sans cette parabole remarquable pour nous éclairer, il nous serait extrêmement difficile de comprendre, au fond du cœur, combien nous sommes vraiment méchants. Cette image hideuse de notre nature, dépeinte comme l’ennemi de Dieu — Satan — est la manière choisie par Dieu pour nous faire accepter la vérité dans toute sa force écrasante. Si cela ne nous enseigne pas l’humilité et le besoin de salut par le Seigneur Jésus-Christ, alors assurément rien d’autre ne le fera.

 

 

 

8. CONCLUSIONS

Il sera utile de revenir en arrière pour résumer ce que nous avons appris.

D’abord, nous avons vu que la doctrine d’un diable, ange déchu, n’est pas enseignée dans l’Ancien Testament. Du temps de l’Ancien Testament, les Juifs ne croyaient pas en un diable surnaturel. Les Perses inventèrent cette croyance (ou quelque chose de très semblable), et au début les Juifs la rejetèrent.

Mais, du temps de Jésus-Christ, beaucoup de Juifs en étaient arrivés à croire que le diable était un ange rebelle. Parmi eux se trouvaient les ennemis de Jésus, les Pharisiens. Néanmoins, les auteurs du Nouveau Testament donnent souvent à entendre qu’ils ne croient pas à cette doctrine perse. Pour eux, comme pour le Seigneur Jésus-Christ, « Satan, le diable » était une parabole de la nature humaine méchante.

En un mot, dans la Bible entière, on ne trouve rien qui enseigne clairement la doctrine d’un Satan surhumain, mais on y trouve en quantité ce qui la contredit.

Cette conclusion nous mène à une question intéressante. Si cette idée d’un diable surnaturel ne fait pas partie de l’enseignement de la Bible, pourquoi est-ce une doctrine si populaire ? Des millions de gens adhèrent très fermement à leur croyance en ce diable, et lorsqu’on s’entretient avec eux, ils vous donnent quelquefois l’impression qu’ils se plaisent à y croire. Pourquoi en est-il ainsi ?

Il y a même des gens qui vont jusqu’à faire des offrandes au diable. En fait, les adorateurs de Satan se font de plus en plus nombreux ; ils font de la magie noire, nous dit-on, la religion qui s’accroît le plus dans le monde. Quelle en est la raison ?

A ces questions, une réponse très simple s’impose. Ce n’est peut-­être pas la seule raison pour la popularité de cette croyance fausse, mais c’est sans aucun doute la plus importante : les êtres humains ont toujours essayé de rejeter sur les autres leur propre culpabilité. Quand le tout premier homme fut surpris à commettre le premier péché du monde, il dit à Dieu :

« La femme que tu as mise auprès de moi m’a donné de l’arbre, et j’en ai mangé » (Genèse 3.12).

Mais la femme n’accepta pas non plus sa culpabilité. Elle se défendit ainsi :

« Le serpent m’a séduite, et j’en ai mangé » (Genèse 3.13).

Les deux premiers pécheurs adoptèrent la même excuse : « Je ne suis pas complètement coupable, car quelqu’un d’autre m’a tenté ! » Tout homme, toute femme, descend de ce premier couple pécheur. A travers les âges, des millions d’entre nous ont répété leurs excuses : « Ne me considère pas complètement coupable, Seigneur ; songe à l’être mauvais qui m’a tenté ! »

Il est réconfortant de se défendre ainsi. Il est rassurant de penser qu’il y a toujours au moins une créature plus mauvaise que soi. Ce sont des convictions agréables : voilà pourquoi des millions de gens les ont toujours adoptées. Mais c’est une consolation fausse. La Bible montre qu’aucun être surnaturel ne nous tente. Selon la Bible, chaque pécheur est seul responsable de ses propres péchés. Voilà le vrai diable : le cœur humain. En l’affrontant, et en lui infligeant la défaite avec l’aide du Christ, on se lance sur la bonne voie qui mène à la vie éternelle.

 

 

APPENDICE : QUELQUES PASSAGES PROBLÉMATIQUES

1. Satan tombé du ciel

Il n’y a pas un seul endroit où la Bible nous présente Satan comme un ange méchant qui fut chassé du ciel. Toutefois, on trouve deux passages du Nouveau Testament qui parlent de Satan qui tombe du ciel. Nous allons les examiner, pour voir comment ils s’intègrent dans l’usage que fait la Bible de Satan comme parabole de la méchanceté humaine.

Le premier passage se trouve à Luc 10.18, où le Seigneur Jésus-­Christ dit : « Je voyais Satan tomber du ciel comme un éclair ». Que voulait-il dire ?

Il est impossible de répondre correctement à cette question, sans répondre d’abord à deux autres questions : Quand Jésus dit-il cela ? et A qui le dit-il ?

En lisant le chapitre 10 en entier, on voit que ce sont les premières paroles de Jésus adressées à ses soixante-dix disciples quand ils revinrent de leur première mission, exaltés par leur succès. Jésus les avait envoyés pour faire deux choses : guérir les malades et annoncer le Royaume de Dieu (v.9). « Les soixante-dix revinrent avec joie, disant : Seigneur, les démons mêmes sont soumis en ton nom ». Comme nous l’avons vu lors de notre étude de la possession démoniaque, c’était simplement leur façon de dire : « Seigneur, tu avais raison. Nous avons pu guérir les genres de maladies les plus horribles ».

« Jésus leur dit : Je voyais Satan tomber du ciel comme un éclair. » Manifestement, il se référait à ce que les disciples venaient de lui dire, non pas à un passé lointain de quelques milliers d’années. Évidemment, c’est quand les soixante-dix avaient « chassé des démons » (c’est-à-dire guéri des maladies) que Jésus avait vu « Satan tomber du ciel ».

Il n’est pas difficile de voir ce que Jésus voulait probablement dire. Les maladies et la mort étant les conséquences du péché humain, le grand problème était donc de triompher du péché. Après cela, la conquête de la maladie était relativement facile. Donc il n’aurait pu y avoir de guérison miraculeuse si Jésus n’avait pas montré qu’il pouvait triompher du péché humain dans sa propre vie. (Voir Chapitre 5 : « Comment le Seigneur Jésus conquit le diable ».)

En d’autres termes, quand les disciples « chassaient des démons » (guérissaient des malades), cela prouvait au monde que « Satan » (le péché humain) était vaincu, pour la première fois dans l’histoire. En langage poétique, Satan tombait du ciel comme un éclair.

 

 

2. Le grand dragon rouge

L’autre référence à Satan tombé du ciel est celle-ci :

« Un autre signe parut encore dans le ciel ; et voici, c’était un grand dragon rouge feu, ayant sept têtes et dix cornes, et sur ses sept têtes sept diadèmes. Sa queue entraînait le tiers des étoiles du ciel, et les jetait sur la terre… Et il y eut guerre dans le ciel. Michel et ses anges combattirent contre le dragon. Et le dragon et ses anges combattirent, mais ils ne furent pas les plus forts, et leur place ne fut plus trouvée dans le ciel. Et il fut précipité, le grand dragon, le serpent ancien, appelé le diable et Satan, celui qui séduit toute la terre, il fut précipité sur la terre, et ses anges furent précipités avec lui. Et j’entendis dans le ciel une voix forte qui disait : Maintenant le salut est arrivé, ainsi que la puissance, le règne de notre Dieu, et l’autorité de son Christ » (Apocalypse 12.3‑10).

Ce passage est difficile à comprendre. Mais une chose est très claire. Il n’enseigne point que Satan est un ange méchant qui se révolta contre Dieu et fut expulsé du ciel, il y a des milliers d’années. Nous pouvons en être tout à fait sûrs, pour trois raisons.

Premièrement, le Livre de l’Apocalypse est un livre de visions. Ces visions sont écrites en langage imagé : ce sont comme des paraboles vivantes et surnaturelles. Elles ont toutes un sens, mais on ne peut comprendre ce sens qu’en interprétant les images. Ce dragon appelé Satan représente quelque chose. Ainsi le font toutes les autres caractéristiques de cette vision-parabole : ses sept têtes avec leurs diadèmes, ses dix cornes, sa queue entraînant les étoiles, ses anges, le ciel ; tout cela représente quelque chose. Il serait absurde de chercher à prendre cette vision pour une histoire littérale. A-t-on jamais entendu parler d’un ange déchu à sept têtes et dix cornes ?

Deuxièmement, le Livre de l’Apocalypse n’est pas un livre d’histoire. Sa toute première phrase d’introduction souligne qu’il a été accordé pour montrer aux serviteurs de Jésus-Christ « les choses qui doivent arriver bientôt ». Il nous parle de l’avenir, et non du passé.

Troisièmement, considérons la dernière phrase du passage cité ci­-dessus. Elle déclare qu’à la suite de la ruine du dragon, les gens vont se réjouir parce que le royaume de Dieu est venu (Apocalypse 12.10‑12). Ceci confirme que l’événement décrit dans cette vision doit être dans l’avenir, puisque nous savons que le royaume de Dieu n’a pas encore été établi. C’est pourquoi les enfants de Dieu font toujours cette prière au Père : « Que ton règne vienne ».

Ainsi donc, on ne peut pas dire ce que le diable/dragon d’Apocalypse 12 représente exactement. Mais du moins savons-nous qu’il représente un genre de système humain qui sera détruit avant longtemps pour faire place au royaume de Dieu mondial. Nous pouvons être sûrs qu’il représente une puissance humaine, car les animaux sauvages servent toujours à représenter des armées et des royaumes dans la prophétie biblique (voir 
Daniel 7.17, par exemple), et ne servent jamais à représenter des puissances surnaturelles.

 

 

3. Éprouver les esprits

« Bien-aimés, n’ajoutez pas foi à tout esprit ; mais éprouvez les esprits, pour savoir s’ils sont de Dieu, car plusieurs faux prophètes sont venus dans le monde. Reconnaissez à ceci l’esprit de Dieu : tout esprit qui se déclare publiquement pour Jésus-Christ venu en chair est de Dieu ; et tout esprit qui ne se déclare pas publiquement pour Jésus n’est pas de Dieu » (1 Jean 4.1‑3).

Certaines personnes citent ce passage pour établir qu’il existe deux sortes d’esprits célestes : « les esprits de Dieu » (les anges), et « les esprits qui ne sont pas de Dieu » (les esprits mauvais). Mais cela n’est évidemment pas ce que ce passage signifie. La fin de la première phrase montre que les « esprits qui ne viennent pas de Dieu » sont en fait les « faux prophètes ».

Alors pourquoi Jean appelle-t-il ces hommes « esprits » ? Simplement parce qu’ils prétendaient être prophètes. Les vrais prophètes parlaient sous l’inspiration de l’Esprit de Dieu (voir 2 Pierre 1.21), et les faux prophètes prétendaient parler, eux aussi, sous l’inspiration de l’Esprit.

Certains chrétiens du premier siècle reçurent des pouvoirs miraculeux variés, des « dons », comme le Nouveau Testament les appelle. Paul indiqua que l’un de ces dons était le pouvoir de discerner lesquels de ces hommes étaient les vrais prophètes, et lesquels étaient les faux prophètes. Il l’appelle « le discernement des esprits » (1 Corinthiens 12.10).

Donc « éprouver les esprits » veut dire ceci : quand un homme vient à vous et qu’il prétend parler sous l’inspiration de l’Esprit de Dieu, n’acceptez pas purement et simplement son affirmation. Examinez-le attentivement pour voir s’il parle en fait par la puissance miraculeuse de l’Esprit de Dieu, ou si c’est un imposteur, un faux prophète.

 

 

4. Les esprits en prison

« Christ aussi a souffert une fois pour les péchés… il a été mis à mort quant à la chair, et rendu vivant quant à l’Esprit, dans lequel aussi il est allé prêcher aux esprits en prison, qui autrefois avaient été incrédules, lorsque la patience de Dieu se prolongeait, aux jours de Noé » (1 Pierre 3.18‑20).

Les mots en gras sont quelquefois cités, hors de leur contexte, par les gens qui croient que les esprits en prison sont les démons qui ont été détenus par Dieu, et à qui, autrefois, Christ alla prêcher.

Mais en lisant la phrase tout entière, on peut facilement voir que ce n’est pas là ce que dit le verset. Il nous informe que les esprits en prison étaient ceux qui ne crurent pas, du temps de Noé. Autrement dit, il s’agit des hommes et femmes rebelles qui se noyèrent pendant le Déluge.

Pourquoi les appelle-t-on esprits ? Nous venons de voir dans la section précédente que les gens qui possèdent, ou qui prétendent posséder l’Esprit de Dieu, sont appelés esprits. Dieu dit au peuple du temps de Noé : « Mon esprit ne restera pas à toujours dans l’homme, car l’homme n’est que chair » (Genèse 6.3). C’est probablement pour cela que Pierre appelle ces gens « esprits ».

Comment pourrait-il être dit que Christ est allé prêcher aux hommes et femmes incrédules du temps de Noé ? Seulement dans le sens déjà donné par Pierre à une expression semblable au Chapitre 1 : il dit des prophètes qui avaient prédit d’avance la venue du Christ, que « l’Esprit de Christ… était en eux » (1 Pierre 1.11). Noé semble avoir été prophète. Dans un autre chapitre, Pierre appelle Noé « ce prédicateur de la justice » (2 Pierre 2.5). Il semble donc que, selon le langage propre à Pierre, l’Esprit de Christ ait été en Noé quand il prêchait la voie du salut à ses voisins.

Cette idée est en harmonie avec le passage en question, qui ne déclare pas que Christ ait prêché à ces gens personnellement. Il affirme qu’il leur prêcha « dans l’esprit » : « l’Esprit, dans lequel il est allé prêcher… » (1 Pierre 3.19). Il y a un parallèle intéressant à 1 Corinthiens 5.3 : Paul parle de son message écrit, comme s’il était lui-même « présent d’esprit », et ajoute : « Vous et mon esprit étant assemblés ».

 

 

5. Les anges qui avaient péché

Il est préférable d’étudier ensemble les deux passages suivants, qui ont un rapport :

« Car, si Dieu n’a pas épargné les anges qui ont péché, mais s’il les a précipités dans les abîmes de ténèbres et les réserve pour le jugement… » (2 Pierre 2.4) ;

« … qu’il (Dieu) a réservé pour le jugement du grand jour, enchaînés éternellement par les ténèbres, les anges qui n’ont pas gardé leur dignité, mais qui ont abandonné leur propre demeure… » (
Jude 6).

Ceux qui croient que le diable et les démons sont des anges rebelles citent souvent ces deux versets pour justifier leur point de vue. Mais un examen attentif de ces deux passages montre qu’ils n’appuient pas de telles idées. Ces anges que mentionnent Pierre et Jude — quels qu’ils soient — n’ont pas le pouvoir de tenter les humains ou de se rendre maîtres de leurs corps. Ils sont enchaînés en lieu sûr jusqu’au Jour du Jugement.

En fait, ce ne sont pas du tout des « anges », dans le sens généralement donné à ce mot. Ce sont des hommes pécheurs. Il y a trois bonnes raisons de le dire.

Tout d’abord, la Bible enseigne clairement que les anges font toujours la volonté de Dieu, et qu’ils ne peuvent ni pécher ni mourir (Matthieu 6.10 ; 18.10 ; Luc 20.36).

De plus, le terme « ange » s’applique quelquefois à de simples hommes, quand Dieu leur donne une tâche à accomplir. Dans de tels versets, les mots hébreu et grec pour « ange » sont traduits par « messager ». (Comme exemples, lisons Malachie 3.1 et Matthieu 11.10, où Jean-­Baptiste est appelé « ange », à la fois dans la Bible hébraïque et la Bible grecque.)

Au cas où un doute subsisterait, examinez 2 Pierre 2.4 et 
Jude 6 dans votre propre Bible, et lisez quelques versets qui les précèdent et qui les suivent. Dans les deux cas, ces « anges » pécheurs font partie d’une liste d’hommes et femmes pécheurs mentionnés dans l’Ancien Testa­ment. Pierre, avant de les énumérer, présente sa liste en disant : « Il y a eu parmi le peuple de faux prophètes… » (2 Pierre 2.1).

Qui étaient ces « anges », ou messagers, qui avaient péché ?

 

A. Le Canadien Ron Abel a donné une explication possible : que Pierre et Jude se référaient probablement aux chefs juifs, Koré, Dathan et Abiram. (Le nom de Koré figure au verset 11 de Jude.) Ces hommes se révoltèrent contre Dieu, et « la terre ouvrit sa bouche, et les engloutit » (Nombres 16.32) : en d’autres termes, ils furent « précipités dans les abîmes ».

 

B. Une autre explication est devenue plus probable après la découverte des manuscrits de la mer Morte. Nous savons maintenant que la citation d’ «Enoch » dans Jude ne provient pas du véritable Enoch de la Genèse, mais d’un livre apocryphe qui a circulé parmi les Juifs au premier siècle. En fait "Voici que le Seigneur est venu avec la multitude innombrable de ses saints, pour exécuter son jugement sur tous » vient de 1 Enoch 1: 9, ce qui est un midrash des paroles de Moïse, tirées du Deutéronome 33: 2 et pas d'un vrai Enoch. Après cette explication, Jude et Pierre ont réfuté les affirmations du livre d’Enoch au sujet des anges qui ont péché, illustrant le caractère illogique du faux livre. Le mythe central du livre est que les anges ont épousé des femmes humaines. Pourtant, Christ a dit que les anges ne se marient pas.

 

 

 

6. Les esprits méchants dans les lieux célestes

« Revêtez-vous de toutes les armes de Dieu, afin de pouvoir tenir ferme contre les ruses du diable. Car nous n’avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les dominations, contre les autorités, contre les princes de ce monde des ténèbres, contre les esprits méchants dans les lieux célestes » (Éphésiens 6.11‑12).

Il faut d’abord remarquer que ce passage est écrit en langage parabolique. De fait, la section entière d’Éphésiens où il se trouve (Chapitre 6, versets 10‑17) est un genre de parabole. Elle compare le chrétien à un soldat, revêtu d’une armure, et portant des armes. Sa « cuirasse » est la justice, et sa « ceinture » est la vérité. Ses « chaussures » représentent le zèle de l’Évangile, son « bouclier » est la foi, son « casque » le salut, et son « épée » la parole de Dieu.

Pour rappeler à ses lecteurs que les ennemis du chrétien dans cette parabole ne sont pas de véritables soldats, Paul ajoute que « nous n’avons pas à lutter contre la chair et le sang ». Il énumère ensuite les ennemis : (1) « les dominations, les autorités, les princes de ce monde » ; (2) « les esprits méchants dans les lieux célestes ».

Pour nous aider à comprendre en quoi consistent ces deux genres d’ennemis, étudions l’autre avertissement de Paul aux Éphésiens. Nous lisons dans les Actes des Apôtres comment Paul convoqua les anciens de l’église d’Éphèse pour les mettre en garde contre deux dangers :

« Prenez donc garde à vous-mêmes, et à tout le troupeau… il s’introduira parmi vous, après mon départ, des loups cruels qui n’épargneront pas le troupeau, et… il s’élèvera du milieu de vous des hommes qui enseigneront des choses pernicieuses, pour entraîner des disciples après eux » (Actes 20.17, 28‑30).

Le premier danger, « des loups cruels », était de toute évidence celui de la persécution venant du dehors de l’église (à comparer à Matthieu 10.16‑18, qui parle aussi de persécuteurs comme de loups attaquant les brebis du Christ). Le deuxième danger était celui de faux docteurs à l’intérieur de l’église. Une étude en profondeur du passage des Éphésiens montre que Paul garde toujours à l’esprit les deux mêmes groupes d’ennemis.

« Les dominations, les autorités, les princes de ce monde de ténèbres » paraissent être les noms donnés par Paul aux gouverneurs romains qui persécutaient les premiers chrétiens. Il se sert en fait des mêmes deux mots grecs, traduits ici par « dominations » et « autorités » pour désigner les gouverneurs de l’Empire romain à Tite 3.1, où ils sont traduits par « les autorités » et « les magistrats ».

Le deuxième ennemi est appelé « les esprits méchants dans les lieux célestes ». Voilà une expression difficile, mais qui, en toute probabilité, s’applique de fait au deuxième ennemi d’Actes 20 : les faux docteurs à l’intérieur de l’église. On découvre qu’il en est ainsi en étudiant l’expression mot par mot.

« Les lieux célestes » est une traduction d’un mot grec qui ne signifie pas littéralement « cieux ». C’est une expression au sens figuré, dont Paul se sert plusieurs fois. Elle signifie presque toujours « haute situation honorable ». A Éphésiens 1.3 (« bénédiction spirituelle dans les lieux célestes »), l’expression se réfère au grand honneur d’appartenir à l’église chrétienne du monde présent. C’est ainsi qu’on peut aussi la comprendre à Éphésiens 6.12.

Mais qui étaient ces « esprits méchants » dans l’église naissante ? L’expression « hommes pervers » se retrouve souvent dans l’Ancien Testament hébraïque, et veut toujours dire « hommes d’aucune valeur » ; Juges 19.22 en est un exemple. A Deutéronome 13.13, elle sert à décrire des gens qui disent : « Allons, et servons d’autres dieux », et Paul évoquait ce verset quand il a écrit Éphésiens 6.12.

« Esprits méchants » est une traduction peu exacte d’un seul mot grec, le mot « inspirés ». De toute évidence, on se servait de ce mot dans l’église primitive pour parler de chrétiens qui avaient le don de la prophétie reçu du Saint-Esprit — ou du moins qui prétendaient l’avoir. Le mot apparaît aussi dans ce sens à 1 Corinthiens 14.37.

Nous voyons donc que, dans le langage dont se servent Paul et ses lecteurs, « esprits méchants dans les lieux célestes » voulait évidemment dire « faux prophètes dans l’église ». Et c’est exactement ce que le passage parallèle d’Actes 20 nous a amenés à anticiper.

 

Alan Hayward

The real devil